Algérie

Tout changer pour rien changer



Tout changer pour rien changer
Un consensus se redessine pour un changement en Algérie. Un changement de Constitution est devenu évident pour les partis de la majorité. Une nouvelle Constitution qui permettra de pérenniser le caractère républicain de l'Algérie et des institutions stables. Ce changement n'est pas voulu par les partis de l'opposition. Ils considèrent que ce changement de Constitution aboutira sur un renforcement de la main mise du courant nationaliste sur le pouvoir et ne permettra pas l'alternance. Le changement espéré par l'opposition est cependant de même nature que celui voulu par la majorité. Une République au fonctionnement démocratique est donc un choix consensuel.Dans les faits, la lutte pour le pouvoir passe par des élections que certains pensent truquées. Pourtant, tous les acteurs sont d'accords pour maintenir la proportionnelle comme mode électoral. Ce choix consensuel est celui de «tout changer pour que rien ne change». Les candidats aux élections sont cooptés comme le sont les ministres dits technocrates. Rien ne permet à une réelle classe politique faite d'hommes et de femmes légitimes de mener la barque Algérie à bon port. Les plus dociles ou ceux qui portent les mêmes idées et la même vision que le chef pourront être désignés pour porter les couleurs du parti lors des échéances électorales.Cette vision du pouvoir des partis est un consensus partagé par tous les chefs de parti. En dehors de l'obéissance, point de salut. Un élu n'aurait pour seul droit en cas de désaccord que de quitter le parti dont il a porté les couleurs. La Constitution dispose pourtant qu'un député est un élu de la Nation et son vote lui appartient. Les partis politiques algériens, même les plus révolutionnaires d'entre eux, sont d'accord pour qu'ils demeurent des «maisons de l'obéissance».Le scrutin uninominal à deux tours changerait bien des choses.Il permettra à une nouvelle classe politique d'émerger. Il permettra aux électeurs de sanctionner autant le leader que le parti. Les traumas nés des années 1990 n'auront plus cours si la loi sur les partis est appliquée avec fermeté.Mais le débat ne s'enclenchera pas sur les modalités de choix offerts aux électeurs. Seuls les équilibres de pouvoir et le partage de la rente abreuvent la réflexion des partis. Rares sont ceux qui possèdent encore des idéologues. Rares sont les formations qui organisent des universités d'été pour préparer la rentrée sociale et affiner leur vision du budget de l'Etat pour l'année qui arrive. Le changement qui fait consensus est lié aux personnes. Rien n'est réellement proposé pour que la vie politique soit redynamisée, que les débats d'idées reprennent le dessus.40 millions d'Algériens espèrent un changement. Un changement dans leur vie de tous les jours. Les partis espèrent tout changer pour que rien ne change.A. E.





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