Tlemcen Une commémoration pour les guillotinés

Parce que le silence est le plus grand des mépris, M. Megnounif, président de l'Association des anciens condamnés à mort, continue ses investigations dans le vaste chantier que la guillotine a légué à l'Algérie en 1962. Il vient de retrouver un ancien des geôles des condamnés à mort, M. Maroc Saïd, 83 ans. Il relatera ainsi la brève vie des martyrs Senouci Abdelkader et Zerrouki Ghouti, guillotinés le 10 avril 1957 à 4h45 à Oran. Tous les deux faisaient partie du groupe du regretté Lotfi. Ils avaient déraillé le train Oran-Tlemcen en 1956. Ils avaient aussi éliminé un indicateur marocain qui avait trouvé asile à Tlemcen après avoir commis quelques méfaits dans son pays. Puis déguisés en marchands de bananes, ils s'étaient introduits au monastère pour exécuter un commandant de la marine en retraite qui s'était réfugié là après avoir volontairement tué un enfant à Beni Nous (Tlemcen). Identifiés tous les deux par une bonne du monastère, ils devront quitter Tlemcen. Ghouti prendra le bateau pour la France où il se fera arrêter et Abdelkader rejoindra les monts pour s'intégrer dans une colonne de moudjahidine. Mais il sera capturé par les goumiers qui le remettent aux soldats français. M. Megnounif en compagnie de Maroc Saïd étalera leurs récits émouvants des geôles des condamnés à mort à Radio Tlemcen, juste pour la mémoire de tous les martyrs qui n'ont pas survécu au couperet de Dame Guillotine. Ils rappelleront qu'il y eut 13.000 chahids à Tlemcen dont 100 femmes. Ce qui fait le plus grand cimetière de chouhada dans le pays.