Algérie

Tiaret Entre l'ANEM et l'entreprise, du boulot !



Les profonds bouleversements économiques et sociaux que vit le pays depuis sa reconversion à la «religion» du marché libre et sa première «devanture» qu'est la nouvelle organisation du marché du travail, placent le monde fragile des employeurs dans l'oeil du cyclone. Le chômage, continuant à sévir à l'état endémique malgré les «assurances» apportées par les chiffres officiels, l'obligation légale du placement public des travailleurs demandeurs d'emploi, est venu ainsi détourner le problème grave du chômage de l'Etat (qui doit en faire son «affaire à lui»), vers le monde économique qui se retrouve en prise avec une véritable épée de Damoclès suspendue sur sa tête. Tout le temps traité selon une optique sociale qui a montré ses limites, le chômage continue à faire l'objet de solutions erronées jusqu'à l'avènement de la loi définissant les conditions de placement des travailleurs et de contrôle de l'emploi, promulguée le 26 décembre 2004. Si selon l'esprit et la lettre de la loi, l'Etat assure les pouvoirs de régulation dans le domaine de l'emploi, notamment en matière de sauvegarde et de promotion de l'emploi, d'études prospectives relatives à l'emploi, des normes juridiques et techniques d'encadrement et de contrôle de l'emploi et de systèmes d'information, permettant la connaissance du marché du travail et son évolution dans la réalité du terrain, la problématique du chômage ne fait que changer de «coupable» puisque l'Etat ne fait que se «soulager d'un fardeau» que le monde des économiques a déjà bien du mal à porter sur ses frêles épaules. Le placement public des travailleurs étant, selon la loi suscitée, assuré par l'agence nationale de l'emploi (ANEM), celle-ci s'est trouvée en porte à faux avec le monde des entreprises en ce sens que chacune des deux parties (ANEM et entreprises) se rejette mutuellement la responsabilité dans ce sentiment tenace chez les chômeurs que les «jeux sont toujours faits d'avance». Même si l'employeur est le premier à ressentir l'effet «boomerang» de la loi, l'agence de l'emploi n'en souffre pas moins des effets collatéraux d'un texte législatif qui n'a pas l'avantage de la clarté dans la délimitation des responsabilités. D'ailleurs, les nombreuses manifestations publiques de colère témoignées de façon récurrente par les chômeurs, dans plusieurs régions du pays, en sont la preuve tangible que l'accès à l'emploi n'est pas «interprété» de la même manière par tous les acteurs directs, à commencer par les employeurs qui se retrouvent, (peut-être injustement), en première ligne de front dans la «guerre» menée contre le chômage. L'exemple de cette entreprise nationale qui fait une offre d'emploi à l'ANEM pour onze (11) petits postes de manutentionnaires avant de se retrouver avec une quarantaine de prétendants «sur les bras» vient démontrer la complexité du problème du chômage qui continue à empoisonner la vie à nombre d'entreprises publiques ou privées au point de constituer une menace directe pour leur survie. Avec une vision si étriquée que l'emploi est d'abord l'affaire des entreprises, l'agence de l'emploi «améliore ses statistiques» mais ne fait en réalité que de se «défausser» sur des entreprises qui ne peuvent pas valablement recruter tous les «recalés» d'un système de formation depuis longtemps obsolescent. Conséquence de tout cela, des chômeurs qui se mutinent parce qu'ils ne comprennent pas comment ils ont pu obtenir un bulletin délivré par l'ANEM sans jamais avoir eu la chance de décrocher un job. L'entreprise en question pour «désamorcer» le danger a eu recours à «l'astuce» des tests de sélection pour choisir 11 sur les 40 prétendants mais cela n'a pas légitimement «convaincu» tout le monde au point que le chef du personnel s'est fait physiquement agressé dans la rue et sa vie mise en danger par un chômeur dont les nerfs ont craqué. De nombreux autres employeurs encourent quotidiennement le danger de se faire agresser au sortir du travail simplement parce qu'un «hittiste» ne comprend pas pourquoi l'agence de l'emploi lui délivre ce qu'il perçoit, lui, comme un «permis de travail» alors qu'il n'est, en fait, qu'un simple document autorisant au mieux le demandeur d'emploi à se rendre à l'entreprise concernée pour un éventuel test ou un entretien d'embauche. La prochaine venue sur le marché de l'emploi des agences privées risquent, selon nombre d'observateurs, de compliquer davantage la donne si l'on considère le «risque» pour le chômeur de se voir obligé de payer le droit d'obtenir un bulletin sans être pour autant assuré de décrocher un emploi. La multiplication, ces dernières années, d'intermédiaires privés (dont certains se font appeler «bureaux d'affaires») est là pour nous faire rappeler que beaucoup d'entre eux se sont d'ailleurs rendus coupables de plusieurs escroqueries commises à l'encontre de chômeurs lesquels, parce qu'ils ignorent la loi, payent de grandes sommes d'argent pour finalement se retrouver plus fauchés et abandonnés sur... le carreau. Et ce n'est certainement pas des dispositions pénales peu dissuasives prises à l'encontre des contrevenants aux dispositions de la loi sur le placement public des travailleurs et le contrôle de l'emploi, qui vont changer une situation qui commence à menacer sérieusement la sécurité des entreprises, la sûreté de leurs patrimoines mais aussi et surtout l'intégrité physique et morale de leurs gestionnaires qui font comme jouer sans filet face à un grave problème de société, un problème nommé chômage. Les tenants de la «théorie» des investissements et par conséquent l'encouragement des initiatives privées au sein du monde entrepreneurial en général, seule arme efficace, selon eux, pour vaincre «l'hydre à sept têtes» qu'est le chômage, ont certainement de beaux jours devant eux.


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