Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès

La troupe Chems dans «Soleil noir» L’ovation réservée aux jeunes comédiens oranais de la troupe Chems, en fin du spectacle «Soleil noir», aura sans conteste soulevé un enthousiasme émouvant auprès des hommes de théâtre. Cela fera dire à l’un d’eux: «C’est merveilleux d’assister à un jeu de scène aussi authentique, aussi fragile, si bien travaillé dans la modestie». Ce jeudi après-midi, sur les planches du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès, un tabou est tombé. Utilisant la langue française avec brio, perçant l’âme déchirée du bibliothécaire, sorte de mémoire vivant les remous que contient la vie dans tous ses sens, flirtant parfois avec des élans rimbaldiens ou franchement issus des sursauts de rappeur, la metteur en scène Sabrina Aïci a exprimé avec justesse notre part d’ambre, nos petits secrets, nos offenses, nos blessures, surtout notre grandeur, notre foi et notre doute. Elle a même suscité un feeling très adolescent, souvent teinté de sanglot étouffé d’une jeunesse décidée à «réapprendre à aimer». Comme d’ailleurs, le chante l’ange ou cet extrait qui résume bien ce drame «joyeux»: «le temps joue contre nous/ce temps qui fait sécher les puits/ce temps qui dessine sur nos visages des rides/ mais ce temps-là ne nous fait pas oublier cette douleur absurde d’une souffrance trop rude/il faudra oublier/il faudra/il faut recommencer à vivre.» Superbe point d’ancrage de l’espoir que Chems, longtemps errant dans le Labyrinthe de l’horreur, voit surgir l’arc-en-ciel tel un lièvre étonné. Le personnage de l’ange tout en blanc, colombe vive, a plané sur la scène de sa voix sauve nous recyclant avec nos plus belles mélodies. La collation au foyer du Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès ajouta à cette nouba un sentiment d’être sorti d’un verbe à méditer tant «Soleil noir» est une comédie si légère, mais en profondeur dans les mots. Saluons surtout des «frimousses» à un avenir radieux mais dont la portée montre la voie de la sagesse.