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Teixeira Gomez est plus connu en Algérie qu'au Portugal


Teixeira Gomez est plus connu en Algérie qu'au Portugal
À l'issue de la projection de Zeus, vendredi dernier à Béjaïa, son réalisateur Paulo Philipe Monteiro est revenu sur le parcours remarquable de cette personnalité et son rapport avec l'Algérie.Les Algériens ont visionné en avant-première nationale (Alger) et régionale (Béjaïa) le film Zeus, qui retrace la vie de l'ancien président de la République portugaise, Manuel Teixeira Gomez. Pourtant de l'aveu de son réalisateur portugais, Paulo Philipe Monteiro, présent lors des deux projections, son personnage, l'ancien président du Portugal entre 1923 et 1925, est plus connu en Algérie, plus particulièrement à Béjaïa, que dans son pays. Une occasion aussi de voir avec le réalisateur les raisons qui l'ont amené à s'intéresser à ce personnage qui le fascine en raison de son statut multiple ? écrivain, politique et exilé volontaire ? au point de réaliser un long métrage sur lui. Et bien entendu, pourquoi il fallait le cerner en y ajoutant une autre partie de sa vie qu'il a préféré passer à Bougie, d'où le surnom : l'exilé de Bougie.C'est surtout le geste inouï du président de la République, un grand président en fait, réformiste de gauche, qui, après deux ans et quatre mois de pouvoir, a décidé de tout plaquer et de dire basta. "J'en ai marre. Je pars." Et Bougie n'était pas dans ses projets, plus exactement dans son coup de tête : c'était le premier bateau en partance de Lisbonne pour n'importe quelle destination. Il étouffait dans le Portugal de cette moitié des années 1930. Il prendra ce cargo, du nom de Zeus ! "Et il n'y a aucun autre passager sur ce bateau. Gomez répondit : ?'Je ne veux même pas savoir où il va, mais je le prends quand même.'' Il a donc pris ce bateau et s'est retrouvé en Algérie. On le connaît mieux à Béjaïa qu'au Portugal", dira Paulo Philipe Monteiro.La preuve, poursuivra le réalisateur du film, à Béjaïa, "il y a une place qui porte son nom ainsi qu'une école", en vérité un collège. "Au Portugal, il n'est pas très connu. J'ai des amis très cultivés, mais ils ne le connaissent pas. Seuls les spécialistes en histoire ou en littérature savent qui il est. En fait, Teixeira Gomez a écrit des livres de littérature érotique." Ses opposants politiques en ont profité d'ailleurs pour exhiber et lire en public certains passages compromettant pour le Portugal où la religion occupait une place importante. On disait de lui, indiquera Monteiro, "il a signé les décrets avec la même main qui a écrit des lettres sans aucune morale".Donc, pour cerner le personnage, notamment pour la partie algérienne, le réalisateur a décidé d'entamer des recherches à Béjaïa, où on lui a offert la photo de Gomez avec Mokrane, qui n'était pas son majordome, mais un employé de l'hôtel, qui s'occupait de lui. "Une vraie amitié est née entre les deux. À sa mort, c'est Mokrane qui a fait l'oraison funèbre." Et c'est à Béjaia qu'il a fait les découvertes nécessaires pour raconter cette partie de sa vie. "J'ai même rencontré la fille et le fils de Mokrane. Ce dernier était un autochtone, un Kabyle. Tout les séparait : la culture, le statut social, la religion, l'âge. Mais c'est lui qu'il préférait dans toute Béjaïa et il en a fait son ami. C'est ce que j'ai voulu raconter dans mon film."Et son premier contact en Algérie est Nadia Labidi ? l'ancienne ministre de la Culture ?, qui avait déjà réalisé en 2008 un film sur Teixeira Gomes. "C'était ma première idée comme productrice. Puis elle est devenue ministre de la Culture et il était impossible de travailler avec elle comme productrice. Puis j'ai rencontré Amina Haddad de MHP."En 2013, le réalisateur a obtenu le financement portugais. "Nous avons dû présenter notre projet à un concours pour l'obtenir. Puis, plus tard, le financement de la partie algérienne. On a commencé à tourner au Portugal en mai 2015. Pour l'Algérie, il y a eu des reports et du retard. Mais on a quand même réussi à tourner vers la fin de 2015. Sinon, on n'aurait pas honoré nos engagements avec nos partenaires", a reconnu M. Monteiro.Il dit être content de pouvoir tourner en Algérie, "dans d'autres conditions, dans une culture différente". Son scénario était organisé en trois blocs : sa vie en tant que président, sa vie en Algérie, et un roman qu'il avait écrit dans sa chambre de l'hôtel de l'Etoile, à l'âge de 77 ans. Le film alterne entre ces trois blocs. Le projet initial comprenait déjà l'Algérie, la découverte de ses paysages fantastiques, la Corniche, l'amitié avec Mokrane, etc. "Mais j'ai compris ? et c'était légitime ? que pour avoir les financements de la partie algérienne, il fallait que l'Algérie ne soit pas seulement un objet du regard, mais un sujet. C'est-à-dire développer la réalité algérienne. Alors je suis venu au mois de mars 2015 et j'ai fait des recherches. J'ai rencontré des historiens, des journalistes, Nabil Ziani et d'autres personnes aussi qui m'ont parlé de l'interculturalité de cette époque."M. Ouyougoute
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