Algérie

Ta mère dans le téléphone



C?est la deuxième fois en l?espace de quelques semaines qu?un quotidien national révèle l?existence d?opérations de police menées aux abords des universités et établissements scolaires pour le contrôle des téléphones portables. But de la recherche, les vidéos contraires à la morale, appellation officielle et assez vague dans laquelle on peut aussi bien mettre un film pornographique, un attentat terroriste que la vidéo de sa petite amie sous la douche. Ces opérations posent bien sûr le problème de propriété privée et de droit à l?image, en même temps qu?elles renseignent sur cette arme lourde qu?est devenu le téléphone à caméra intégrée, passé de simple outil de communication à média lourd, en ce sens où il joue la fonction de créateur et diffuseur d?images à grande échelle dans un pays qui surveille d?un ?il toujours aussi inquiet les pixels qui passent sans son autorisation. Pourtant, ce problème de l?image non agréée par l?Etat n?est pas uniquement celui des autorités qui préfèrent encore censurer, interdire et réprimer plutôt que de penser, régir et gérer, mais aussi celui de la société, qui déteste toujours autant se voir et entretient un rapport schizophrénique à sa propre image. En effet, l?histoire se complique encore puisque dorénavant, des endroits publics comme les hammams sont interdits aux téléphones portables. Si l?on est encore loin de l?Arabie Saoudite qui vient d?interdire sur tout son territoire les téléphones à caméra, la sensibilité de l?image fait réagir tout le monde, particulièrement ceux qui en ont peur. Ce qui a fait dire à un officiel : « Mettez une caméra entre les mains des Algériens, ils n?en feront que des bêtises. » Ce qui a fait répondre un citoyen : « Interdisez les images aux Algériens, ils les dessineront sur les murs. » La guerre entre l?image réelle et l?écran noir en est donc là. Encore très loin d?être terminée.



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