Algérie

Syrie : à quoi servent les observateurs '



Selon la déclaration de son ministre des Affaires étrangères, l'Algérie considère que la Syrie présente une situation de conflit où 'la violence émane de plusieurs parties'. Sans préciser 'qui tue qui', Medelci soutient donc logiquement l'appel au 'cessez-le-feu' lancé par le secrétaire général de la Ligue arabe.
Il ne resterait qu'à s'interroger sur l'identité des assassins des cinq mille tués, depuis neuf mois que les Syriens manifestent contre le régime Al-Assad. Peut-être que des parties dans la Ligue arabe sont animées d'une bonne intention quand elles croient à un rôle apaisant de la mission d'observateurs amis, plus elle avance dans ses 'observations', plus se révèle l'ambigüité de son rôle. C'est déjà une avanie que de confier la présidence d'une mission à connotation humanitaire au général Mohamed Al-Dabi, initiateur de la stratégie des Djendjawid au Darfour. Il fallait faire exprès de trouver un officier que la répression sanglante n'émeut point pour aller chercher le général soudanais, un familier des massacres, dans une région où on écrasait un peuple qui ne s'est même pas révolté. D'ailleurs, en une semaine d'enquête, nul écho de son émoi ne nous est parvenu. Il aurait même dit que 'tout était normal'.
En balade dans des quartiers démilitarisés le temps de leur passage, les membres de la commission semble jouer à cache-cache avec les forces de répression du régime syrien, avec certaine complaisance. Il fallait une certaine connivence, en effet, pour faire comme si ce qui se passait en Syrie restait à découvrir et comme si une cinquantaine d'experts en visite guidée pouvaient prendre en défaut une armée massive, seconde de polices et de milices coutumières des formes de répression les plus brutales et les plus sophistiquées.
La mission d'observateurs de la Ligue arabe, c'est finalement un mois de gagné, puisque c'est le délai assigné à cette délégation, pour Bachar al-Assad. Pendant que des observateurs courent après des chars qui sont déjà partis et après des snippers qui, par nature, restent introuvables, Bachar al-Assad continue son 'uvre répressive. À supposer que le pilonnage des quartiers insurgés et les cartons des snippers sur les manifestants cessent, devra-t-on demander aux Syriens de cesser de revendiquer le départ d'Al-Assad et le changement de régime '
La 'Ligue arabe' et les régimes arabes qui appellent au 'cessez-le-feu' font comme s'ils ignoraient le contexte révolutionnaire de l'évènement. Ce qui est en jeu, c'est le changement de régime, le passage de la dictature à la démocratie. Les régimes arabes réunis dans la Ligue, eux-mêmes autocratiques pour la plupart, n'ignorent pas qu'un pouvoir absolu ne peut organiser cette transition et que donc l'évacuation de ces régimes constitue un préalable à la possibilité démocratique. Ainsi, le 'cessez-le-feu' peut, au mieux ramener la Syrie à la case départ, à la situation pré-insurrectionnelle.
Mais, c'est comme toujours, quand les Arabes veulent gagner du temps, ils ne savent pas pourquoi. Et ne savent pas qu'ils ne font qu'alourdir la facture humaine de leur entêtement à se cramponner, individuellement et solidairement, au pouvoir.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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