Algérie - 05- La période Ottomane

Sur les traces des Ottomans en Algérie



Sur les traces des Ottomans en Algérie
L’Algérie n’est point négligée quand il s’agit de parler de son évolution historique car elle est cette mosaïque culturelle et civilisationnelle dont on ne peut que décrire les splendeurs qu’elle dégage, évoque et impose. Loin des aspects politiques, dans l’imbrication des civilisations qui ont fait le patrimoine algérien, nous retenons la civilisation ottomane dans ce présent écrit qui aspire aux traces linguistiques, culinaires et toponymiques qu’ont laissées les Ottomans en Algérie.

Les mots les plus populaire
Durant cette époque ottomane continuait à se forger le parler algérien, via bien sûr, un contact de langues impressionnant générant naturellement des emprunts linguistiques interférés dans le dialecte populaire algérien.
D’innombrables mots d’origine turque sont utilisés au quotidien par les Algériens consciemment ou inconsciemment. Ils sont le reflet d’une perpétuité historique sournoise.
Vous faites vos courses dans un marché et vous entendez par-ci par-là le mot « torchi » vous l’utilisez même pour en acheter une quantité, figurez vous que ce mot dont le mot français est poivron a pour origine turque. Pour exprimer l’incertitude, un seul mot algérien suffit : « bâlâk » voulant dire Peut-être ; bâlâk iğî il se peut qu’il vienne. Ou belki « peut-être, probablement ».
S’il fait nuit et que vous vous retrouvez enrhumés et sans sommeil, vous penseriez peut-être à la camomille, appelée communément par les Algériens « babûnèğ », mot d’origine turque, « bâboûnè »
Si vous désirez faire des achats, vous allez alors vous dirigez vers un bazar (bāzār) pour en acheter une claquette (belğa), un narguilé (rèngîla), une assiette (tebsi), des outils (dûzân), et des vieilleries (horda) chez le brocanteur (hordāğî ). Ces mots sont tous de provenance ottomane.

Une légère évasion culinaire, ça vous dit ?
Les plats d’origine turque qui trônent sur les tables algériennes durant les festins religieux comme le ramadan, l’aïd et le mawlid nabawi, de même pendant les fêtes traditionnelles, sont à profusion.
Un désert, à l’exemple de tulumba, est roi durant les soirées ramadanesques, un gâteau remarquable dont le délice n’est pas à remettre en question, servant également de carburant pour reprendre ses forces après une longue journée de jeûne.
Mais, le chef d’œuvre, le dessert incontournable demeure « baklva », ou «baklawa », qui, juste en le prononçant, vous met déjà l’eau dans la bouche, si irrésistible qu’il rendrait les petits mangeurs gourmands. Le baklava est un dessert dont la réalisation requiert un soin méticuleux et une bienveillance artistique. Il est constitué de fines feuilles de pâte à phyllo, beurrées ou huilées une à une, superposées dans un plat rond ou carré, ou enroulées sur elles-mêmes. Des fruits secs bien broyés sont alors mis entre les feuilles. Après la cuisson le tout est arrosé d’un agréable sirop.
Ce dessert aux variétés multiples existe au nord africain, dans les pays d’Asie Centrale, ainsi qu’au moyen orient. Même si les origines de cette pâtisserie demeurent nébuleuses, certaines recherches évoquent que son berceau est à Gaziantep, petite ville de la Turquie qui jouxte la Syrie. En outre, ce n’est que durant l’époque byzantine que sa popularité a fait ses preuves sur la route de la soie. Or ce qui est certain, c’est que ce dessert fut apporté par les ottomans en Algérie.
Passant maintenant au salé, l’indétrônable du mois sacré de ramadan est bel et bien connu, le bourek, Ce mot provient de la langue turque « börek » qui signifie tout mets réalisé avec la pâte yufka. Ce plat provenant de la cuisine turque fut développé et élargi, tout comme baklava, sous la tutelle de l’empire ottoman dans les Balkans et en Afrique du Nord. En Algérie il est présenté en entrée accompagnant une soupe appelée chorba. Les origines de cette soupe sont incertaines, car elle est retrouvée en Europe de l’Est, en Asie centrale, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Mais elle est apportée au Nord africain assurément par les ottomans turcs. En arabe, le mot chorba est associé au verbe boire et au nom boisson. Au sens premier, une chorba c’est «quelque chose destinée à être bue», c’est-à- dire quelque chose qui étanche la soif. Le mot français «sorbet» provient du mot turc «chorbet’» qui vient du mot arabe chorba. Culinairement, elle est généralement préparée à base de viande ovine (mouton ou agneau), de vermicelles ou de blé concassé.
Un autre plat salé, très répandu en Algérie connu sous le nom de « dolma ». ce plat porte très bien son nom car le mot dolma signifie sémantiquement « quelque chose de rempli », lié au verbe turc doldurmak (« remplir ») ou dolmak(« être rempli ») ainsi qu’ au mot turc ottoman, (tolma) qui désigne littéralement « quelque chose qui est farcie ». D’une optique culinaire, il s’agit le plus souvent de légumes farcis de riz et de viande hachée.
Toutes ces plates cités ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan culinaire laissé par les ottomans en Algérie.

…et la toponymie, on en parle ?
En effet, à l’ère ottomane, les turcs étaient installés en abondance dans les régions côtières. Aujourd’hui les familles algériennes dont la descendance est turque perpétuent à vivre dans les grandes villes, généralement maritimes. Même si la domination ottomane a perduré trois longs siècles, laissant un héritage génétique et culturel, leur influence toponymique n’est pas si importante qu’elle en a l’air. Or nous retenons d’importants lieux ayant pour appellation et dénomination sémantique turque.
Dans la commune de sidi m’hamed, se trouve une gare ferroviaire appelée la gare agha, située dans la ville d’Alger, à proximité de l’immeuble Maurétania et du port d’Alger. Vous l’avez remarqué, le mot Agha ou aga, est de provenance turque signifiant « chef », « maître », « seigneur » ou « châtelain », c’est le titre d’un officier civil ou militaire.
Toujours dans cette commune, un hôpital porte un nom turc à savoir Mustapha Pacha. Plusieurs gouverneurs de la régence d’Alger ont porté le nom de « Mustapha Pacha » ; il s’agit de celui qui fut dey de 1798 à 1805. Par ailleurs, la venue des Français en 1830, à quelques centaines de mètres de la ville d’Alger, se trouve un plateau appelé Zebboudj El Agha qui servait au regroupement des troupes ottomanes et plus bas une maison appartenant aux héritiers du dey Mustapha Pacha II qui servait à recevoir les malades et les blessés, c’est à cet endroit qu’est bâti l’hôpital Mustapha Pacha en 1854.
La commune algéroise Bir Mourad Raïs doit son nom à un raïs nommé Mourad. D’après différentes références, serait un Hollandais dont le vrai nom est Jan Jansz (Jean Janssen ou John Barber) du xvie siècle. Ou alors un amiral ottoman aux origines albanaises, tous les deux sont capturés par des corsaires ottomans, puis devenus libres en se convertissant à l’islam. Le quartier de la capitale, hussein-dey, porte le nom du dernier dey d’Alger : le (28e). Il avait installé sa maison de campagne à proximité des plages de la banlieue d’Alger.
La régence d’Alger a connu principalement trois époques : l’époque des aghas, l’époque des pachas et l’époque des deys. C’est pour cette raison qu’on retrouve des noms de lieux qui s’assimilent à ses trois ères
Ce qui peut attirer l’attention d’un point de vue toponymique, y compris dans les régions intérieures, c’est qu’il y a d’importants lieux ayant comme nom Aïn El Turk, signifiant littéralement « la fontaine des turcs »
Même si l’occupation ottomane s’est effritée en 1830 lorsque la flotte française débarque dans la petite baie de Sidi-Ferruch, ses traces sont restées ancrées dans la présente société algérienne. Le dialecte algérien, la cuisine algérienne et la toponymie urbaine algérienne demeurent le meilleur exemple de cet ancrage.


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