Algérie

Sommet du G 20: L'aveu


Vingt chefs d'Etat et de gouvernement les plus riches au monde, les dirigeants des plus importantes organisations internationales et 10.000 observateurs convoqués à Séoul pour reconnaître, devant le monde, la loi implacable du capitalisme financier mondial.

A l'heure où nous mettons sous presse, aucune décision d'importance n'a été prise par le Sommet du G20 qui s'est ouvert jeudi à Séoul. On sait seulement que les 20 chefs d'Etat et de gouvernement les plus riches du monde ont, d'un commun accord avec les dirigeants des institutions internationales financières (FMI, Banque mondiale, OMC…), décidé de mettre en place des mécanismes de régulation et de contrôle des marchés financiers d'ici… fin 2011. C'est du déjà entendu. Mieux, au regard des derniers sommets, particulièrement ceux de Londres (avril 2009) et de Pittsburgh (septembre 2009), il y a un net recul, tant les divergences sur le financement de l'économie mondiale sont énormes entre les USA, la Chine et dans une moindre mesure le Japon d'une part, et le reste des pays du G20, particulièrement les pays européens, de l'autre.

 C'est que l'équation à résoudre n'est pas simple : les USA n'ont pas d'autre choix que de dévaluer encore plus leur monnaie, le dollar, pour booster la consommation interne et favoriser leurs exportations, alors que la famille européenne n'arrive pas à s'entendre sur ne serait-ce qu'une baisse des taux directeurs de sa banque centrale pour favoriser l'investissement. Pire, à un mois de la fin de l'exercice budgétaire de 2010, l'UE n'arrive pas à boucler son budget annuel de 2011. Des désaccords opposent les Etats membres, autant que les institutions européennes. En une année, les pays du G20 sont passés d'un optimisme béat sur l'avenir de l'économie mondiale à un pessimisme qui ne laisse rien présager de bon, surtout, pour les pays pauvres de la planète. Jugez-en, à l'issue du Sommet de Pittsburgh en septembre 2009, le G20 avait décidé d'injecter plus de 1.100 milliards de dollars dans l'économie mondiale. Les fonds du FMI ont été multipliés par trois. Le DG du FMI, le Français Dominique Strauss Kahn, avait même annoncé que d'ici 2010 (c'est-à-dire aujourd'hui), en conjuguant les plans de relances nationaux et ceux du G20, 5.000 milliards supplémentaires seront dans les circuits financiers mondiaux. Que s'est-il passé depuis ?

 La croissance en Europe et aux USA est en baisse et l'aide au développement aux pays les plus pauvres a drastiquement chuté. Devant une telle «menace», les USA sous l'impulsion des républicains fraîchement débarqués à la Chambre des députés ne se sont pas embarrassés de faire marcher la planche à billets : 600 milliards rien que pour le 1er trimestre 2010. La Chine, première détentrice de la dette américaine (895 milliards de dollars), trouve là un argument de taille pour ne pas réévaluer à la hausse sa monnaie comme le lui demandent les Européens. Si elle le faisait, elle porterait un coup fatal à ses exportations. Parce que derrière la guerre des monnaies, se profile celle du commerce international.

 Ce qui ressort d'une manière générale des derniers Sommets du G20, c'est leur confinement dans un langage technique, froid et calculé pour colmater les brèches du système financier mondial. Pendant que les trusts industriels, les places boursières et autres managers de l'argent comme les banques commerciales s'amusent à spéculer et à mettre en danger les équilibres économiques mondiaux, les Etats et gouvernements courent derrière pour jouer aux pompiers, endetter le travail et augmenter la misère des plus faibles. En clair, le système financier capitaliste n'a et ne peut en rien déroger à sa logique de profit, depuis l'annonce de la crise internationale en fin 2007. Les Sommets du G20 avaient reconnu que la crise est d'ordre systémique, et avait promis de le «réformer». Force est de constater une logique inverse : ce sont les Etats qui sont à son service. Et tant pis pour les plus pauvres d'ailleurs.




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