Algérie

Solidarité des anciens


Générosité - Si vous demandez par exemple deux kilos de pommes de terre, le marchand vous offrira en plus de vos deux kilos, au moins 300 g, voire une livre supplémentaire pour la baraka.
Selon de nombreux voyageurs qui ont eu la chance de passer le ramadan dans un pays arabe ou plutôt dans un pays islamique autre que l'Algérie, les marchés des fruits et légumes dans ces contrées pendant cette période sont non seulement abordables mais surtout à la portée de tous les citoyens, qu'ils soient pauvres ou riches.
Les commerçants, pour des raisons évidentes dictées par une foi bien comprise, baissent automatiquement et sensiblement les prix de leurs produits quitte à rattraper leurs marges après les fêtes de l'Aïd el-fitr.
Sans aller chercher des exemples aussi loin, sous d'autres cieux, rappelons-nous simplement des ramadans de nos pères et de nos grands-pères alors que nous n'étions que des gamins insouciants, généralement pas plus hauts que trois pommes.
Nos marchés n'étaient pas aussi achalandés qu'aujourd'hui et les commerçants en fruits et légumes, s'ils n'hésitaient pas à prendre leur marge (une marge raisonnable) avaient en revanche la main plutôt lourde sur la balance. Quel que soit l'article que vous achetiez, vous étiez sûrs que son poids déborderait généreusement du plateau.
Si vous demandez par exemple deux kilos de pommes de terre, le marchand vous offrira en plus de vos deux kilos, au moins 300 g, voire une livre supplémentaire, pour la baraka. Et cette baraka touchait même et peut-être surtout les bouchers.
Cette pratique qui avait cours dans la région des Hauts-Plateaux et même dans de nombreuses villes côtières, faisait, bien sûr, la joie des consommateurs et traduisait surtout la solidarité des marchands envers les plus démunis.
C'était aussi l'époque où il n'y avait ni téléphone, ni télévision, ni internet et les rares familles qui possédaient un poste radio ' on disait une TSF en ce temps-là ' étaient rares et se comptaient sur les doigts d'une main.
Raison suffisante pour rapprocher les fidèles entre eux. Les visites aux familles étaient quotidiennes pendant les soirées et la convivialité était élargie aux voisins mêmes. Ce que l'on voit rarement de nos jours. On ne laissait jamais un étranger rompre son jeûne dans un restaurant ou casser la croûte tout seul, dans la rue.
C'était inimaginable, au point que des citoyens, pourtant modestes, faisaient le tour du village ou de la ville avant la prière du muezzin pour inviter à leur table un voyageur, un inconnu ou tout autre individu qui était loin de sa famille.
Parfois même, quand il n'y avait plus de place à l'hôtel, il était convié à passer la nuit.
Ces invités qu'on appelait «Diaf rabi» étaient traités avec beaucoup de respect.
Il y a un phénomène dont on ne parle jamais cependant : le «jeûne» de certains colons.
Pas un jeûne au sens religieux du terme, mais une expérience individuelle de quelques jours menée par quelques-uns d'entre eux pour se mettre dans la peau des musulmans et ressentir les mêmes affres et les mêmes privations. Il leur a suffi de 48 heures à ce rythme pour reconnaître que les musulmans étaient décidément bien courageux. C'était le moins qu'ils pouvaient dire.


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