Algérie

Solde de tout compte



Les ministres en charge de l'Habitat ou des Travaux publics, qui se sont succédé au gré des changements de gouvernement, se sont tous montrés très sourcilleux sur le respect des délais de réalisation des projets, mais aussi sur les normes urbanistiques, l'esthétique et l'impact de ces édifices ou structures sur leur environnement immédiat. Comme chacun sait, les résultats n'ont pas suivi, nos villes et villages sont de plus en plus laids et beaucoup de citoyens ayant acquis des logements au prix fort n'ont toujours pas de titre de propriété, en raison du statut litigieux des assiettes foncières. Pis, l'on apprend que l'Etat qui se propose d'éradiquer les constructions illicites a de tout temps généreusement construit toutes sortes d'équipements publics sans permis de construire, donc de manière tout aussi illicite. Du coup, si d'aventure il passait à l'action à coup de bulldozer, le pays risquerait bientôt de manquer d'écoles, de lycées, d'universités et d'hôpitaux. Mais rassurons-nous : il semble que ladite éradication, comme celle du commerce informel, va consister en une simple régularisation des dossiers. Un petit tour de magie bureaucratique qui va transformer toutes ces bâtisses hideuses, érigées anarchiquement et au mépris de toute règle urbanistique à travers tout le pays, en constructions... licites. Une sorte de solde de tout compte. 'La loi n'est pas un obstacle", disait un ministre d'Etat bien de chez nous.
Tout se passe comme si l'Etat, constatant les dégâts de son action antérieure, s'attelait à bonifier celle-ci en y adaptant non seulement la loi nationale, mais aussi, formellement, les normes universelles. N'a-t-on pas tenté de solder une décennie de terrorisme par un texte dont une disposition interdisait jusqu'à l'évocation du... terrorisme '
Par ses tentatives successives d'amender la réalité nationale peu reluisante, qui se décline dans chaque secteur de la vie publique, l'Etat central cherche, comme par un réflexe de survie, toujours le même, à démontrer une viabilité qu'il n'a plus, si tant est qu'il l'ait eue un jour.
Les transformations politiques, économiques et sociales du pays, et les nouveaux besoins qu'elles induisent de façon perpétuelle, n'en finissent pas de disqualifier l'organisation actuelle de l'Etat et de ses structures. Mais la décentralisation de l'Etat, le pouvoir n'en veut toujours pas. CQFD.
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