Algérie

Sétif «Tighert N'Adrar» s'organise


Dans son majestueux et universel oeuvre «Les Prolégomènes», traduction littéraire du célèbre ouvrage d'El Mouqadima, l'immortel Ibn Khaldoun souligne, non sans démonstration empirique, et bien au-delà de sa conviction préalable, qu'à l'origine du développement, voire de l'essor des mégapoles, dans les pays du Maghreb, l'apport des bédouins, qui en forment le noya central, autrement dit l'âme et l'identité intrinsèque des grandes cités, n'aurait pu être atteint sans le concours et la contribution des habitants de la bâdia. Par bédouins, autre appellation des nomades, autrement dit les habitants qui se sont sédentarisés dans les zones rurales, le maître de la sociologie moderne sous-entend la matrice où se concentre et se localise le centre de l'énergie vitale, voire le mécanisme relationnel caractérisant le fonctionnement d'une société dans un espace temporel. L'exemple de la paisible localité de Tighert N'Adrar, contrée engloutie dans les hameaux de Harbil, confirme de par le système de fonctionnement de la société, et bien que des siècles après, la véracité de la théorie de ce génie que les temps modernes auront du mal à mettre en cause. Et l'on comprend aisément comment un groupement social d'une contrée aussi lointaine et combien déshéritée, comme c'est justement le cas de cette petite localité de Tighert N'Adrar, arrive, malgré l'abandon qui lui a toujours été infligé, à composer avec les faibles moyens de bord pour assurer une avancée même sur les temps modernes. Ses habitants donnent aujourd'hui l'exemple de cas d'école qui mérite d'être enseigné dans les instituts phares du management moderne. Ne comptant que sur ses propres ressources naturelles et surtout intellectuelles, Tighert N'Adrar apporte un majestueux démenti à ceux qui croient toujours que les mégapoles sont les seules à être les dépositaires du savoir, du développement et du modernisme en refusant de rester le cas d'une réserve des temps révolus. Battant ainsi en brèche ces discours archaïques et obsolètes qui ne font que travestir et caricaturer la réalité sociale en mettant en vogue le côté folklorique. Et faisant ainsi de ces contrées citadines des vestiges d'une culture révolue. Tighert N'Adrar a fait de l'exploitation de ses ressources humaines le soubassement inébranlable quant à son mouvement de mutations positives porteur de valeur ajoutée. De cette approche scientifique et organisationnelle, de la part de ses habitants, cette localité a pu aboutir à un élan qui lui a permis d'assurer une mise à niveau équitable entre le monde rural et citadin. Une prouesse jamais égalée même dans les grandes cités, où les facteurs de cohésion sociale tendent de plus en plus à s'étoiler dans une conjoncture de matérialisme aveugle. Pour sortir irréversiblement de ce sentiment du «déjà fait», l'association du village de Tighert a fourni un travail titanesque pour révolutionner les mentalités. S'appuyant sur ce principe de conjugaison des compétences de ses membres et des villageois, cette association a mis sur pied un parfait programme d'action qui suscite inlassablement l'engouement des enfants aussi bien ceux y résidant que ceux établis dans les autres wilayas ou dans d'autres pays. Tous les aspects de la vie sociale, tels que aménagement du territoire, activités culturelles, éducation civique, initiation et stimulation de la vie et entraide des membres d'un même groupement social jusqu'à la création d'emplois, sont inclus dans le plan d'action de l'association. Etant sur une courbe ascendante, les membres de l'association ont décidé de moderniser la gestion interne en intégrant les normes modernes de management. En organisant la première randonnée pédestre internationale, l'association du village de Tighert, désormais devenue pionnière dans le tourisme de proximité, a incontestablement réussi l'organisation de manifestations de plus grande envergure et qui touchent tous les domaines de la vie sociale. Visant à matérialiser le concept de management associatif en usant des nouvelles approches d'organisation et de gestion, lesquelles reposent sur des valeurs issues de leur propre culture ancestrale, les membres de cette association ont tenu une assemblée générale élective en date du 1er novembre pour l'élection de nouvelles structures dirigeantes et en élargissant le bureau exécutif de sorte à ce que toutes les familles de Tighert y soient désormais représentées. Ce mode de gestion intrinsèquement démocratique permettra à coup sûr à toute l'intelligentsia qui active désormais à bien réussir l'exécution et la mise en application des ambitieux projets tracés. Son nouvel organigramme comporte un nouveau poste consacré à la condition féminine et à l'épanouissement de la position et du rôle de la femme locale dans l'archétype social. Il faut bien reconnaître que sans attendre ni espérer l'aide de quiconque, loin s'en faut, celle des pouvoirs publics, les membres de l'association sont plus que jamais déterminés à faire de leur contrée un véritable havre de paix et de développement mais surtout à préserver leur village de tous les fléaux qui gangrènent notre société. A Tighert, tout ce qui se situe dans l'extra-muros n'a et ne peut avoir d'osmose que ce qu'il y a de positif, c'est dire que malgré les influences fatales des effets du siècle, l'association du village a su et saura sans nul doute toujours cimenter les autochtones autour d'objectifs de pur civisme et de développement durable. Tighert est indubitablement un exemple à suivre et/ou au moins à méditer.
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