Algérie

Serkadji et la Grande Poste transformés en musées


Serkadji et la Grande Poste transformés en musées
Ce haut lieu de la répression coloniale sera fermé et reconverti «en musée de la mémoire nationale»La capitale s'offrira deux musées de grande valeur.La Grande Poste d'Alger, centenaire, sera érigée en musée qui racontera l'histoire de la poste et des télécommunications en Algérie, a annoncé hier, la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (TIC), Nouria Derdouri. «La décision a été prise par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika: la Grande Poste d'Alger sera transformée en musée, cela permettra aux visiteurs de découvrir l'histoire de la poste et des télécommunications en Algérie», a-t-elle précisé lors d'une visite d'inspection. «Tous les équipements qu'utilisent les agents de la poste au niveau des guichets seront remplacés au fur et à mesure de la réception des nouveaux équipements dans le courant des prochains mois», a assuré Mme Derdouri.Inaugurée en 1913, la Grande Poste d'Alger, construite face au port commercial, en contrebas du Palais du gouvernement et près de la faculté d'Alger, sera transformée en musée tout en gardant un espace pour les services postaux, a expliqué la ministre. Un appel d'offres a été lancé pour la réalisation de ce projet, dont la première phase requiert un investissement de 80 millions de dinars, a expliqué le directeur général d'Algérie Poste, Mohand Laïd Mahloul. L'autre site qui sera lui aussi transformé en musée est la prison de Serkadji (ex-Barberousse) sur les hauteurs d'Alger. Un des sites témoins des atrocités des crimes du colonialisme, cette prison sur les hauteurs d'Alger, bénéficiera bientôt du statut de musée mémoriel de la révolution. Cet ancien pénitencier où les bourreaux actionnaient la guillotine, sera fermé et reconverti en une incontournable halte mémorielle de l'histoire de la guerre de Libération nationale. Ce projet verra le jour dès que la prison de Koléa, actuellement en construction sera livrée, indique une source responsable au ministère de la Justice. Les travaux de réalisation «connaissent un léger retard», mais «ils seront achevés bientôt» affirme, à ce propos, M.Mokhtar Felioune, directeur général de l'administration pénitentiaire et de l'insertion sociale.Au mois de décembre dernier, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait annoncé que ce haut lieu de la répression coloniale sera fermé et reconverti «en musée de la mémoire nationale». Il avait, lors d'une visite de travail dans la wilaya de Tipasa, précisé que cette tristement célèbre prison sera fermée dans deux à trois mois. «Il s'agit là d'un objectif stratégique lié à la mémoire nationale et à l'histoire de l'Algérie qui nécessite que les autorités publiques mettent tout en oeuvre en vue de sa transformation en un musée, dans les plus brefs délais» avait-il ajouté.La prison de Serkadji «sera remise au ministère des Moudjahidine» pour devenir ensuite un musée, explique M.Felioune, qui affirme que «le ministère est décidé à transformer cette prison en musée». L'armée française, qui avait les pouvoirs absolus à Alger, avait fait guillotiner 58 militants de la cause nationale, dans l'enceinte de cette prison. Citons Ahmed Zabana, Abdelkader Ferradj, à la fleur de l'âge, guillotinés le même jour, un certain 19 juin 1956, ou Fernand Yveton, exécuté le 13 février 1957. Figurent également Saïd Touati, Boualem Rahal ou Taleb Abderrahmane. Dans la cour de cette prison fusaient des cellules pleines à craquer un émouvant «Tahya El Djazaïr» (Vive l'Algérie) après chaque exécution. «C'était un lieu d'atrocités» se rappelle Z. Oukrine, habitante de la Casbah. «Zabana était le premier à être guillotiné», se souvient-elle. Et puis, son «exécution a été atroce, inhumaine. Il a été en fait exécuté trois fois». «Je me rappelle que cette exécution s'est mal déroulée.Après deux tentatives, Zabana était toujours vivant. Alors le ministre de la justice sous le gouvernement Guy Mollet (IVe République), François Mitterrand, sollicité sur ce cas, avait refusé de le gracier. «Le chahid Zabana est mort après la troisième et dernière tentative», se rappelle-t-elle. Tayeb Louh avait souligné que la décision de transformer Serkadji en musée obéit quelque part aux «demandes quotidiennes émanant de la part de réalisateurs et cinéastes pour faire des prises de vue ou filmer au niveau de la prison de Serkadji». Cette prison demeure, selon le garde des Sceaux, «parmi les sites témoins des atrocités des crimes du colonialisme». La prison de Serkadji, appelée durant l'époque coloniale Barberousse, du nom de Baba Arroudj, qui avait pris possession et protégé la médina d'Alger contre les visées de Charles Quint avec ses deux frères Kheireddine et Elias, a été construite en 1856 sur un ancien fort algérois, près des remparts de la haute Casbah, dominant le port et au loin, la baie de Matifou. Rabah Bitat, Henri Alleg, Djamila Bouhired, Annie Steiner, Zohra Drif, Benyoucef Benkhedda, Abane Ramdane, Moufdi Zakaria et des centaines de «frères» avaient été emprisonnés à Serkadji, tout près de la Casbah, haut lieu à Alger de la résistance du peuple algérien contre l'oppression coloniale. Juste après l'Indépendance, le défunt président Ahmed Ben Bella avait fait le projet d'en faire un musée pour les nombreuses inscriptions sur les murs laissées par les martyrs de la révolution.Après une courte période, elle a été donc fermée et classée site historique pour symboliser l'oppression coloniale. La prison Barberousse sera cependant réouverte après 1965 et rebaptisée Serkadji.


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