Algérie - Consommation

Séminaire sur la protection du consommateur à Constantine: Un concept loin de la réalité






L’absence des associations et des autorités de régulation, ainsi que du travail de terrain prouve le peu d’intérêt accordé à ce concept, qui est un prélude à la notion de citoyenneté.

Bien que le thème lié à la protection du consommateur soit d’un intérêt particulier, l’on notera une absence incompréhensible d’une bonne partie de nos administrations, -telles la direction du commerce, des associations activant dans ce secteur et surtout celle des bureaux d’hygiène des APC- à la rencontre organisée hier au campus 500 places par la faculté de droit de l’université Constantine 1.

«C’est un thème d’une importance non négligeable ; et devant tant de carences en matière de droit et de protection du consommateur, nous, en tant que juristes, nous avons le devoir de tirer la sonnette d’alarme pour apporter des solutions pratiques concernant ce droit», dira le Dr Sami Belabed, coordinateur de ce séminaire.

«Nous sommes tous des consommateurs et faisons face, presque au quotidien, à un mépris, tant de la part des professionnels qui sont les vendeurs, que d’une administration à la limite de la complicité pour générer des comportements néfastes dont le citoyen reste la victime par excellence», a-t-il ajouté.

Sur un autre registre, notre interlocuteur, bien au fait de l’aspect juridique, révèle, à ce propos: «Même nos juges, bien qu’ils disposent d’un arsenal juridique bien étoffé, n’arrivent pas à bien mener des affaires en justice comme le stipulent les lois.»

Et de citer cet exemple: «Un consommateur a acheté une batterie chez un commerçant sans garantie, parce que ce dernier avait accroché une pancarte disant qu’il n’y a pas de garantie ; le consommateur en utilisant cette batterie a occasionné à son véhicule de grands dommages. Il a attaqué le commerçant en justice, mais il a été débouté par le juge qui lui a rappelé la pancarte qui l’avertissait de l’absence de garantie. Pourtant, au vu de la loi de 2009, relative à la protection du consommateur, cette pratique commerciale est interdite, et le juge se doit de protéger le consommateur de ces dérives.»

C’est cette notion de protection à caractère contractuel liant le consommateur aux professionnels, qui a été traitée, comme devait le souligner notre interlocuteur ; une culture intrinsèque à la notion de citoyenneté qui, dit-il, nous fait défaut et dont nous accusons un grand retard.

«Après une période d’économie dirigée, où notre pays avait un grand déficit en produits de consommation, le souci premier du citoyen était l’acquisition de ces produits et peu importe sa qualité, sauf qu’après l’ouverture de la libre entreprise et l’afflux inconsidéré des produits importés avec toutes les malfaçons et autres dangers, notamment pour certains matériels spécifiques, tels les appareils de chauffage ou encore les pièces détachées des automobiles, et devant tant de victimisation et dommages, souvent irréversibles, l’on a compris l’intérêt de la protection du consommateur, car il y va de l’intérêt même de nos institutions, et c’est dans ce cadre que la loi de 2009 a été adoptée, malheureusement sans grande application, car il semble que le citoyen n’ait pas encore atteint une certaine maturité», explique le conférencier.

Activant depuis 1996, la seule représentante de l’association des consommateurs dans la wilaya de Constantine, Sakina Kellil, déplore à son tour les obstacles rencontrés dans ses missions. Elle met surtout l’accent sur les abattages clandestins qui constituent une réelle menace pour la santé.

Elle évoque, par ailleurs, le rôle qu’elle assure au niveau des cantines qui, selon elle, restent un danger potentiel en l’absence de compétences avérées dans le domaine du contrôle de la qualité.

N. Benouar


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