Algérie

SECTEUR DU BÂTIMENT Entreprises aveugles !


L'administration ne communique pas avec les entreprises. Et faute d'avoir développé elles-mêmes leurs propres systèmes d'information, elles sont comme aveugles. Le secteur du bâtiment tourne ainsi au ralenti, selon l'AGEA. Situation engendrant plutôt des surcoûts.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Des milliers de milliards de dinars ont été mobilisés par l'Etat dans le cadre du plan quinquennal 2010- 2014 pour construire des logements, des routes et d'autres infrastructures. Or, l'accès difficile à l'information ne permet pas aux entreprises du bâtiment d'appréhender le marché. Aussi bien dans sa dynamique que dans ses perspectives. «Nos PME sont pénalisées et réduites à réagir de manière désordonnée et peu efficiente aux signaux du marché», se plaint l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). De même qu'elle s'offusque du nombre d'appels d'offres infructueux publiés par les journaux : «Nous lisons très souvent dans la presse nationale des avis d'appels d'offres infructueux qui concernent des projets de construction de logements et d'infrastructures socioéducatives pourtant importantes pour améliorer les conditions de vie du citoyen.» Et de souligner : «La relance de ces marchés prendrait pas moins d'une année, ce qui va engendrer des surcoûts et des retards dans la réalisation.» Pourtant, indique l'AGEA, plus de 90% de l'ensemble des logements construits de 2005 à 2009 l'ont été par des entreprises privées et étrangères. Et qu'il existe près de 35 000 entreprises de construction. La quasi-totalité de ces entreprises appartient aux privés. Le secteur public ne représente que 43 entreprises. L'AGEA recommande en ce sens que «les missions diplomatiques soient dynamisées pour qu'elles fournissent aux entreprises algériennes des informations sur les partenaires crédibles à contacter et à mettre à contribution dans les transactions commerciales ». S'exprimant en marge d'une réunion du bureau national de l'AGEA, tenue avant-hier au siège de l'association à Bab Ezzouar, Alger, Mouloud Kheloufi, son président, est revenu sur les recommandations formulées à l'issue de la journée d'étude organisée le 18 juin dernier à Boumerdès, en prévision des états généraux de la PME devant être organisés au mois de septembre prochain. Hormis les difficultés d'accéder à l'information, M. Kheloufi a insisté sur l'allègement des charges fiscales et parafiscales pour les PME du bâtiment. Dans les propositions faites au gouvernement, dont nous avons une copie du texte, l'AGEA plaide pour que «le taux de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) soit ramené de 2% à 1% et qu'elle soit retenue à la source, que la taxe sur les matériels roulants (camions, engins, bétonnières…) soit purement et simplement annulée, que l'amnistie fiscale (annulation des pénalités) soit généralisée aux entreprises poursuivies dans le cadre du régime forfaitaire pour une période de deux ans, qu'une remise de 8% sur la part patronale dans les cotisations à la Cnas soit appliquée…». Les facilités revendiquées par les entrepreneurs s'étendent également aux financements et à la bureaucratie. «Il est difficile de se procurer des ressources financières à des conditions attractives. Les banques ne répondent que parcimonieusement aux sollicitations des PME. L'administration entretient une bureaucratie handicapante à laquelle s'ajoute l'absence de mobilisation des institutions en charge du développement de l'entreprise », regrette-t-on.
L. H.
Du ciment de mauvaise qualité sur le marché
M. Kheloufi s'est dit, par ailleurs, «satisfait» des mesures prises par le groupe Gica (ciment) pour faire face à la pénurie de ciment pendant l'été et «stabiliser» les prix. Le groupe public effectue des opérations d'importation pour combler le déficit sur le marché. D'autant que les cimenteries algériennes ont repris la production après un hiver assez dur où les baisses de tension et les coupures d'électricité, explique Abdelkrim Selmane, un autre responsable de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), les avaient mises au ralenti. «Une cimenterie consomme en énergie ce que consomme une ville de la taille d'Oran. Et dans les périodes où l'énergie électrique est beaucoup sollicitée, les cimenteries peinent à tourner à plein régime et sont parfois à l'origine des délestages opérés à travers certaines zones urbaines», a-t-il avancé. Et de jeter un pavé dans la mare : «Maintenant, le ciment est disponible en qualité et en quantité. C'est que le ciment importé du Portugal en temps de pénurie est de très mauvaise qualité. Ajoutons à cela les conditions de transport, de stockage et de distribution. A part le Gica, aucun privé, à vrai dire, ne dispose des structures et de la logistique adéquate pour importer le ciment. Opération qui nécessite beaucoup de technicité et de savoir-faire aussi.»


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