Algérie

Sarkozy va s’entretenir avec Bouteflika sur l’UPM à Tokyo


La rencontre de la dernière chance Le président français Nicolas Sarkozy croit encore pouvoir convaincre son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, de donner son OK pour assister au sommet de Paris et partant, donner son approbation pour l’Union Pour la Méditerranée (UPM). Le Quai d’Orsay a, en effet, rendu public un communiqué annonçant une rencontre bilatérale entre les deux présidents à Tokyo, en marge des travaux du sommet du G8. Que Sarkozy rende public ce tête-à-tête avec Bouteflika, en dit long sur son forcing pour arracher le «oui» de son hôte plutôt peu emballé. Le président français tente une pression médiatique sur son homologue algérien pour le pousser à pointer, le 13 de ce mois, à Paris. Or, les choses ne sont pas si simples. Jusqu’à cette rencontre de «la dernière chance» à Tokyo, la tendance, en Algérie, est plutôt pour un boycott ou à la limite une sous représentation sans engagement. Alger est resté de marbre face à un intense ballet diplomatique hexagonal qui a fait se succéder Michel Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, Jean Louis Borloo de l’Economie et du co-développement, Bernard Kouchner des Affaires étrangères et même François Fillon, Premier ministre, au palais d’El-Mouradia. Les réserves d’Alger, elles, demeurent entières. L’Algérie considère -et elle l’a fait entendre officiellement- que le projet annoncé reste entouré de flou. Le fait est que lors du dernier round du FORMED -un forum des ministres des Affaires étrangères des deux rives de la Méditerranée- qui s’est tenu à Alger, les deux côtés se sont séparés sans s’entendre sur quoi que ce soit. Les pays du Sud, sous la houlette d’Alger, ont demandé plus de «clarifications» au sujet d’un processus dont le contenu n’était pas encore défini. Au-delà de l’incertitude qui plane sur la paix au Proche-Orient alors qu’Israël est partie prenante du projet, des zones d’ombre obscurcissent encore cette UPM, notamment en matière de financement, de gestion et de répartition des postes. Aussi, les pays du Sud ont été quelque peu refroidis par la nouvelle mouture revue et corrigée par la Commission européenne et qui a quasiment vidé de sa substance le projet de Sarkozy. En effet, et comme l’a si bien déclaré l’ex-chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, l’Algérie ne sait pas trop si elle va traiter avec ses voisins européens du sud ou carrément avec toute l’Europe. Son successeur Ahmed Ouyahia a soutenu pratiquement la même chose. Lors de sa première conférence de presse, il est allé jusqu’à critiquer la presse nationale d’avoir fait tout un «bla-bla» sur cette UPM dont «on ne connaît même pas le contenu». Sarkozy n’ignore pas qu’une Union Pour la Méditerranée sans l’Algérie serait géopolitiquement un fiasco diplomatique du fait que notre pays soit un pays dit pivot dans la région qui plus est, est un partenaire énergétique de premier ordre pour toute l’Europe. C’est là précisément l’enjeu majeur de l’insistance d’un Sarkozy qui n’a pourtant pas la réputation de quelqu’un qui quémande ou qui fait les yeux doux. Mais en l’occurrence, Sarkozy sait qu’il doit faire contre mauvaise fortune bon cœur, quitte à ce que son charisme en prenne un coup. N’a-t-il pas, d’ailleurs, envisagé de faire un crochet rapide à Alger avant ce sommet du 13 juillet pour tenter de convaincre Bouteflika? Le hasard du calendrier -Sommet du G8- lui a tout de même évité cette image d’un président aux abois, qui va supplier les dirigeants d’un pays dont il refuse obstinément de dire pardon pour les crimes que la France coloniale a commis en Algérie. Réussira-t-il à renverser la position algérienne à partir de Tokyo? Rien n’est moins sûr quand on rappelle l’insistance d’Ouyahia sur la notion «d’intérêt» pour justifier une éventuelle participation algérienne à l’UPM. Il a même précisé que le seul document de ce projet sera distribué le jour du sommet aux participants suggérant ainsi que l’Algérie n’y serait pas. Les oreilles et les yeux restent, tout de même, braqués sur Tokyo... Amine Makri


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