Algérie

Saïd Sadi met en garde contre le risque de régionalisme



Avec son sens de la formule, il est longtemps revenu sur la révision constitutionnelle. « Le 12 novembre dernier, l'Algérie a enregistré son troisième coup d'Etat depuis l'indépendance. Ce passage en force vient rappeler que les termes de la crise de 1962 sont toujours d'actualité. Le coup de force constitutionnel du 12 novembre n'est qu'une réplique de ce qui s'est passé en 1962 et Bouteflika, partenaire du groupe d'Oujda, ne fait rien d'autre que d'essayer de relancer, fut-ce de façon poussive, la culture de la violence au détriment du consensus et de la transparence ». Pour le président du RCD, il ne fait aucun doute : c'est bien le clan d'Oujda qui squatte le pouvoir. Il met d'ailleurs en garde contre le risque de régionalisme. « Quand 13 ministres viennent d'un même village, ça fait un peu chouia (bézef) ». A une question sur un hypothétique deal entre l'armée et Abdelaziz Bouteflika, Saïd Sadi a tenu à apporter une mise au point : « Je voudrais tordre le coup à une litanie dont je sais qu'elle a la vie dure en Occident et plus particulièrement en France : il n'y a pas de divergences de fond entre le clan de Bouteflika et l'armée. Les oppositions qui apparaissent ici et là portent sur le partage de la rente mais jamais sur la nature du système politique. » Revenant sur les conséquences de la révision constitutionnelle, Saïd Sadi tire la sonnette d'alarme. Il prend l'hypothèse d'une alternance pour montrer les failles de l'hyper présidentialisation du système. « Jusque-là, le chef du gouvernement présentait son programme devant l'Assemblée nationale et était responsable devant elle. Aujourd'hui, seul le chef de l'Etat a le droit de proposer un programme et même si le Parlement venait à changer de majorité, celle-ci n'ayant pas vocation à présenter son programme sera tenue d'appliquer celui du chef de l'Etat qu'elle combat par définition ! On ne peut imaginer un blocage institutionnel plus délétère ». Mis face à cette incohérence, le chef du gouvernement aura cette réponse, qui a le mérite de la clarté : « Jamais l'opposition ne sera majoritaire. » Une démocratie sans alternance. Concernant sa participation à la présidentielle, sans se prononcer directement, Saïd Sadi semble privilégier le boycott. Il exige une surveillance « massive et qualifiée ». « Nous avons proposé l'exigence d'une surveillance internationale massive et qualifiée pour tous les scrutins, car tant que la question des fraudes électorales n'est pas réglée, il est vain d'attendre d'un Parlement qu'il vote librement. Il est illusoire d'attendre des élus locaux qu'ils privilégient l'application de la loi face aux sollicitations claniques ». En politicien averti, il sait que la mise en place d'une telle surveillance prendrait des mois, qu'elle ne peut être mise en place avant la présidentielle. Sa condition est aussi une réponse sur sa participation. En cas de sa non-participation, le président Abdelaziz Bouteflika risque de se retrouver sans adversaire sérieux. Une fois de plus.
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