Algérie

Sacrée auto !



La tradition a été respectée: les députés ont rejeté l'augmentation de la taxe sur le gasoil et la vignette pour les automobiles diesel. C'est un domaine où ils aiment faire preuve d'indépendance en invoquant le souci de préserver le pouvoir d'achat des Algériens. Le fait que l'Algérie devienne importatrice de gasoil n'a pas apparemment inquiété les députés. Après tout, on a de l'argent et autant montrer sur ce chapitre qu'on est soucieux de l'intérêt des Algériens. Mais l'est-on vraiment en refusant d'envoyer un signal dans ce domaine ? Si l'argent ne semble pas un problème aux yeux des députés, des arguments environnementaux pour inciter les Algériens à abandonner le diesel ne manquent pas. Ils sont même pressants. Il ne s'agit pas, comme on semble le croire, d'une préoccupation de riches, cette histoire de pollution. Les pathologies liées à la dégradation de l'environnement ont augmenté et elles ont un coût qui aurait pu être pris en compte, quitte à trouver des formules pour compenser, par exemple, les agriculteurs ou les transporteurs publics. A la décharge des députés, on peut constater que le gros parc automobile des administrations n'a pas basculé vers l'alternative moins polluante du GPL. L'Etat pourrait donner l'exemple dans ce domaine aussi. Dans le fond, les députes baignent dans ce climat détestable de la sacralisation de l'automobile. Les Algériens n'ont pas de logement, désespèrent d'en avoir et se rabattent sur l'achat de voitures. Tout est fait pour les y inciter. Les crédits ne manquent pas, les banques sont toutes disposées à offrir à chacun son petit joujou motorisé. Le carburant est bon marché. Avoir sa voiture n'est plus un signe de richesse, mais la démonstration d'une normalité. Le bonheur est vain, offrez-vous une voiture et polluez et pourrissez-vous la vie ! Quand on met deux heures pour arriver, via « l'autoroute » de l'aéroport Houari Boumedienne, au centre d'Alger, on comprend que l'automobile pourrisse la vie de tous. Alger, et c'est valable pour les autres grandes villes du pays, n'en peut déjà plus. Elle est surchargée de voitures et aucune «ligne bleue» n'y changera quelque chose. Le pire est plutôt à venir: le crédit bancaire pour la voiture est là pour nous inciter à l'embouteillage permanent et l'air parfumé des délicieuses émanations des automobiles. On ne rend pas service aux citoyens en défendant, sous des prétextes fleurant bon la démagogie, le rush vers l'achat des voitures. On aurait aimé entendre nos députés exiger des pouvoirs publics, en contrepartie d'une hausse du prix du gasoil, une vraie politique en matière de transports en commun. La réponse à la congestion de la circulation automobile n'est pas une «ligne bleue» mais une incitation aux Algériens à délaisser les voitures pour les transports en commun. Il faut rendre coûteux le recours à la voiture et cela suppose que l'on mette réellement le paquet en matière de transports en commun. En attendant qu'on avance dans cette direction du bon sens, polluons, polluons...
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