Algérie

Routes du cannabis : tous les chemins mènent au Rif Abdelkader Abderrahmane. Chercheur à la division de prévention des conflits et analyses des risques (CPRA) à Addis-Abeba




Routes du cannabis : tous les chemins mènent au Rif                                    Abdelkader Abderrahmane. Chercheur à la division de prévention des conflits et analyses des risques (CPRA) à Addis-Abeba
Abdelkader Abderrahmane, chercheur au sein de la division de Prévention des conflits et analyses des risques (CPRA) de l'Institut d'études de sécurité (ISS) à Addis-Abeba, (Ethiopie) explique que la crise qui secoue de plein fouet l'Europe offre un terrain propice pour la prospérité du trafic de la drogue au niveau des deux rives de la méditerranée.
Les deux phénomènes étant étroitement liés. Il faut savoir que selon cet expert, les premières plantations de cannabis au Maroc sont apparues au XVe siècle. Sa culture et sa consommation étaient autorisées par le roi Hassan Ier au XIXe siècle dans certaines zones limitées. Avec le temps, la culture du cannabis se développa, particulièrement dans les régions montagneuses et pauvres du Rif. Mais c'est à partir des années 1960 que le cannabis a pris son essor au Maroc. «En effet, l'exclusion intentionnelle de la région rifaine de tout développement économique de la part du souverain Hassan II, ne fit qu'encourager et accroitre la culture du haschisch», soutient M. Abderrahmane qui fera remarquer que «cette sanction délibérée poussa éventuellement les Rifains à un exode massif vers l'Europe au cours des années 60 et 70.
Cependant, cette immigration qui devait s'installer essentiellement en France, en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne et à partir des années 1980, en Espagne, allait par la suite poser les premières bases de ce qui deviendra plus tard et jusqu'à ce jour, la 'filière marocaine' du trafic de cannabis entre le Maroc et le continent européen». comme conséquence, commente le même chercheur, «la culture du cannabis devint alors pour de très nombreux Rifains ayant un lien familial avec ces migrants, un substitut de plus en plus attrayant, d'autant plus que la demande de cannabis émanant des marchés européens ne cessait d'augmenter». Il devint au fil des années, la première source de revenue pour beaucoup de marocains dans cette région montagneuse.
Le résultat actuel est qu'avec l'aide de trafiquants européens, les réseaux de commercialisation marocains, ont avec le temps, réussi à se consolider, transformant le royaume chérifien en tant que premier fournisseur de cannabis du continent européen. L'expert du CPRA se réfère aussi au rapport de L'Office des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime, (UNODC), qui indique que le Maroc cultivait en 2011, près de 50000 hectares de terres pour une production totale de cannabis et de résine de cannabis de 40 000 tonnes. M. Abderrahmane reste sceptique quant à un éventuel changement de position des autorités marocaines pointées du doigt pour laxisme dans la lutte contre ce fléau.
«Il est à l'heure actuelle peu probable que le Maroc puisse faire d'énormes efforts afin de contenir le trafic de cannabis et les activités illicites liées à ce même business. En ces temps de crise économique, il est en effet difficile pour Rabat d'être très regardant sur la provenance de fonds susceptibles de renflouer les caisses de l'Etat et de contribuer à l'économie nationale. Aussi, cette situation ne peut que renvoyer aux calendes grecques l'éradication totale de la culture du cannabis et d'anéantir par la même, les efforts de lutte contre ce fléau engagés par le royaume chérifien».


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