Algérie

Rome plutôt que vous de Tariq Teguia à l?affiche en France



Alger, l?alvéole des jeunes Un long métrage qui s?apparente à un plaidoyer contre la misère et le désespoir dans lesquels est empêtrée la jeunesse algérienne. La scène se passe dans une banlieue pauvre et sombre d?Alger. Un jeune couple célibataire se met à la quête de passeports étrangers en vue de larguer les amarres vers d?autres cieux. Dans une vieille Volvo, les deux tourtereaux patrouillent dans un quartier misérable à la recherche de la maison d?un marin trafiquant. La quête paraît interminable. Les habitants affichent un teint blafard et la mine triste. Les maisons se succèdent et se ressemblent. Même architecture, même décoration : garages commerciaux au sol, appartement au premier étage sans oublier les éternels piliers nus dressés vers le ciel. Le couple tourne en rond. L?on n?entend que le ronflement du moteur de la berline au milieu d?un silence inquiétant, témoin d?une Algérie insécurisée. Le couple est confronté à toutes les difficultés du monde. Problème de chômage, crise de logement, déshérence sexuelle, absence de perspective ; bref, tout ce qu?un jeune né dans une société clémente ne peut pas connaître. Le seul horizon qui reste à sa portée, c?est le bleu azur de la mer et ce qu?elle suggère comme rêves éphémères et évasions. Loin de l?image idyllique d?Alger, sa baie splendide, ses immeubles blanchâtres et ses fenêtres peintes en bleu, Rome plutôt que vous offre aux téléspectateurs un décor misérable. La ville, filmée de dos, ressemble à un grand bourg avec ses chantiers inachevés et ses rues boueuses. En somme, une image de ville en guerre, sauf que comme l?a dit Tariq Tegui lui-même dans une récente interview : « On n?est pas dans une ville en guerre avec une ligne de front, mais on sent dans ces zones de béton, de villas déglinguées et des routes pas finies, des conflits sourds d?une société en état d?attente et d?atermoiement continu. » Le film met également en exergue la nouvelle bourgeoisie algérienne, qualifiée « d?inculte et d?arriviste ». Son seul souci n?est que de construire de grosses « baraques » pour exhiber sa richesse. Or, rajoute le cinéaste : « En Algérie, il se trouve que ces quartiers et villas se trouvent proches des contreforts montagneux où se cachent les tueurs. » Il y aussi l?histoire de Zina, jeune fille de 23 ans, houspillée par les policiers parce qu?elle va dans des endroits qu?une fille de bonne famille n?est pas censée fréquenter. Ne pas oublier également le commissaire de police mi-alcoolique mi blasé qui fait dans l?excès de zèle, irrespectueux de la dignité humaine et de la liberté individuelle. Un homme dépassé qui, non seulement regarde avec envie la jeunesse, mais aussi les rêves qu?elle chérit, comme celui de partir ailleurs un jour. Tiré d?un slogan scandé par les supporters de l?USMA, Rome plutôt que vous déroule les chroniques quotidiennes d?un pays « qui n?a pas beaucoup servi et qui est à vendre ». A voir absolument. A voir aux cinémas MK2 Les Halles et Saint -Michel
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