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Revoir les moyens de lutte




Revoir les moyens de lutte
L'Algérie est l'un des plus grands importateurs d'armes au monde, classée dixième par l'Institut de Stockholm pour la paix (Sirpi) et second client de la Russie après l'Inde.L'ANP, qui a réussi à réduire la menace terroriste au Nord, est toujours confrontée à des attaques avec des bilans parfois très lourds, comme celle qui a eu lieu le 19 avril dernier à Iboudrarène, en Kabylie. Pourquoi donc cette région ' Comment parvenir à éradiquer ce fléau ' Pourquoi des bilans aussi lourds 'L'ANP a connu une véritable révolution depuis le début des années 2000 ; une modernisation à marche forcée a donné une dimension régionale à cette armée aguerrie par dix ans de lutte antiterroriste. La discrétion avec laquelle a été entreprise cette modernisation a surpris bien des pays occidentaux, qui prennent aujourd'hui très au sérieux les efforts de sécurisation du territoire. Alors, pourquoi chaque jour des soldats tombent-ils sous les balles de terroristes ou sautent-ils sur des bombes 'La Kabylie est devenue un sanctuaire pour les terroristes pour plusieurs raisons. Pendant les années 1990 et la traque des terroristes à Alger, certains se sont mis au vert dans leurs régions d'origine, dont la Kabylie. Le retrait de la gendarmerie suite aux tragiques événements du début des années 2000 a coupé des canaux de communication entre l'Etat et la population et a privé les autorités du travail de police. Ajoutez à cela un massif montagneux escarpé et densément boisé, chevauchant plusieurs wilayas et, avec elles, plusieurs secteurs militaires et vous avez les ingrédients pour l'enracinement d'un maquis durable, lequel peut se permettre des actions ponctuelles mais extrêmement spectaculaires et vivre ensuite de racket et de kidnapping.Reste la question de la lourdeur des bilans qui est, elle aussi, liée à de multiples facteurs. Si l'ANP est incontestablement l'armée la plus forte dans la région, au niveau régimentaire, le soldat algérien n'est pas mieux que les terroristes qu'il combat.Les postes avancés qu'il occupe dans les maquis sont généralement dénués de tout équipement de vision nocturne, mis à part l'éclairage ou des fortifications adéquates. Ces positions sont généralement des ouvrages en maçonnerie renforcés de sacs de sable. Les retours d'expérience d'Irak et d'Afghanistan ont démontré l'efficacité des fortifications en gabions, qui sont de simples cubes prémontés remplis de terre et ayant la capacité de résister aux balles et même aux fortes explosions. Ces gabions, dont la fabrication est à la portée de n'importe quel entrepreneur de l'Ansej, pourraient présenter une solution durable pour l'implantation rapide de troupes dans n'importe quel endroit.Autre cible facile pour les terroristes : les convois logistiques chargés d'approvisionner les soldats ainsi que les relèves de troupes. Là aussi, des conflits, même aussi durs que ceux de Syrie, ont démontré, s'il le fallait, l'impérieuse nécessité de se déplacer en engins blindés. L'Algérie a largement les moyens de s'offrir des véhicules MRAP (Mine Resistant and Ambush Protected), lesquels ont la capacité de transporter, comme le font les vénérables camions Sonacome, des troupes tout en offrant une protection contre les bombes, les mines et les tirs d'armes de différents calibres. A défaut, comme le fait l'armée arabe syrienne, utiliser les transports de troupes datant de l'époque soviétique, les BMP dans le cas syrien, qui sont pléthore dans les arsenaux de l'armée de terre (plus de 2000 véhicules entre BTR et BMP).Pis encore, le soldat lui-même n'a reçu qu'une instruction classique au maniement d'armes et n'a connu aucune formation spécifique en secourisme de guerre ou en techniques de contre-guérilla, mise à part celle prodiguée sur le terrain par les aînés ayant l'expérience du feu. Alors que l'armée a investi des milliards de dollars dans la construction d'hôpitaux régionaux ultramodernes, la majorité des décès qui ont lieu suite à des attaques terroristes sont le fait d'hémorragies, nécessitant des traitements d'urgence ne dépassant pas 20 minutes mais dont des techniques modernes permettent au soldat suffisamment formé de les appliquer sans l'aide d'infirmier ou de médecin. Aujourd'hui, un soldat blessé est stabilisé tant bien que mal par un médecin, pas toujours en mission dans des points avancés, et transporté par ambulance vers un hôpital. Les spécialistes occidentaux affirment qu'en temps de guerre, hormis les blessures directes au cerveau ou au c?ur, toutes les autres plaies sont soignables.L'équipement individuel du soldat reste la dotation la plus archaïque de l'ANP. Sans gilet pare-balles modernes, sans tenue spécifique (la nouvelle tenue des paras pour le Nord est quasi identique à celle des paras français durant les années 1950) et sans armement de précision, la kalachnikov en dotation ne dispose d'aucun moyen de visée diurne et encore moins nocturne. Passons sur les moyens de communication ou de réception de données de reconnaissance qui n'existent tout simplement pas au niveau des régiments réguliers.Un effort énorme dans la formation et l'équipement des soldats ainsi qu'un passage vers une doctrine moins hiérarchisée et donnant plus de marge de man?uvre aux soldats et aux sous-officiers de terrain et un rééquipement des brigades d'infanterie en blindés avec des moyens de surveillance nocturne, terrestre et aérien, sont plus qu'urgents pour achever de liquider les dernières poches de terrorisme en Kabylie et dans le reste du pays.


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