Algérie

Revendications sans perspectives


Revendications sans perspectives
La marche des communaux et quelques grèves dans le secteur privé démontrent que la question du pouvoir d'achat des travailleurs n'est pas encore réglée. De revendications en manifestations, la sempiternelle question des salaires reste posée dans une économie rentière qui ne produit pas assez. Les politiques ne s'intéressent que très peu aux questions économiques, oubliant que ces dernières sont essentielles pour la gestion d'un pays. Les augmentations de salaires des fonctionnaires ont eu deux conséquences majeures et visibles. La première est l'explosion des ventes de véhicules neufs et, son corollaire, l'augmentation des importations, et la seconde, une amélioration et un changement des habitudes alimentaires avec une augmentation sensible de la consommation des fruits, légumes, viandes et poissons.
Ces évolutions, pourtant positives pour le citoyen, posent un réel problème économique. «Augmenter la production et la productivité», ce slogan phare des années 1970 et 80, reste un enjeu réel dans un pays où le poids du secteur des hydrocarbures domine de manière écrasante les comptes de la Nation. Les investisseurs, qu'ils soient algériens ou étrangers, restent trop peu nombreux. L'environnement est pourtant l'un des meilleurs en Méditerranée, hors bureaucratie et délai nécessaire pour la création d'une entreprise. Des réformes sont encore nécessaires pour réduire le poids de l'administration dans l'acte d'investissement. L'honnêteté des entrepreneurs privés doit aussi revenir au centre des débats. Ils réclament sans cesse de nouvelles réductions de leur fiscalité et parafiscalité mais continuent, dans une grande majorité, à faire de fausses déclarations aux impôts et aux différentes caisses d'assurances sociales. La corruption joue aussi un rôle dans l'absence d'efforts et de volonté d'investir. Il suffit de faire jouer les différentes spéculations, et particulièrement celle immobilière, pour que les revenus engrangés soient supérieurs à celui d'une PME. Certains immeubles, dans les quartiers chics de la capitale, génèrent des rentes nettes supérieures à 5 millions de dinars par mois. Cette situation n'est pas agréable et l'Etat, à travers les sociétés de gestion de participation, ne semble pas avoir de solution alternative ou ne veut pas augmenter les capacités de production. Le seul acteur majeur qui semble arriver dans les secteurs de la mécanique et de l'électronique est l'ANP. Finie l'ère des SONA et ENA, l'Etat investisseur économique a laissé la place aux privés et s'occupe des besoins sociaux. Mais des capitaines d'industrie en nombre et soutenus par des banques n'ont pas encore émergé en Algérie. Cinquante ans après l'indépendance, nous continuons à consommer nos hydrocarbures et avons les mêmes débats qu'en 1965.
A. E.
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