Algérie

Rêve perdu


Je ne veux pas écarquiller les yeux d?étonnement et de ravissement pour Harry Potter, ce conte pour enfants qui s?est transformé en poule aux ?ufs d?or pour son auteur, une Galloise au chômage. Traduite en 61 langues, l?aventure du petit gamin bigleux suscite un engouement exceptionnel à travers le monde. En notre bonne ville, Harry Potter, le sorcier, passe presque inaperçu. Je découvris accidentellement quelques exemplaires de ce best-seller sur les rayons d?une austère librairie. Le phénomène éditorial qui fait recette partout, fruit d?une imagination féconde et fertile, n?intéresse quasiment personne chez nous. Les cinq premiers tomes d?Harry Potter se sont vendus à près de 250 millions d?unités, démontrant, si besoin est, la vitalité de la littérature de jeunesse. Pourquoi les enfants et même les adultes chez nous font montre d?une royale mais préoccupante indifférence à l?égard de ce petit sorcier devenu un prince du marketing ? Les raisons sont multiples. Nos enfants ne lisent plus ou pas assez. Ils ont perdu quelque peu leur part d?imaginaire, de rêve. Leur esprit folâtre, enjoué fait de curiosité avide, de fraîcheur innocente, ne trouve pas d?exutoire, de territoire suffisamment vaste pour alimenter et nourrir leur imaginaire. La littérature pour enfants ne respire pas la santé. Les gosses en sont privés depuis belle lurette déjà. Ils vivent dans une atmosphère desséchée, baignée de dogmatisme creux, de sottises et d?ignorance plate encouragée par les sophistes et leurs émules. Leur influence dissolvante est loin d?être latente. Un philosophe avait raison de déclarer que le premier moyen de la culture, c?est la lecture. « Lire, c?est le vrai culte », déclare-t-il, avec perspicacité. Nul ne le contredira parce qu?on ne s?instruit pas en écoutant uniquement. Nous ne vivons pas dans la patrie des Grâces, mais un peu de bon sens ne peut que faire du bien. Encourager les enfants à renouer avec la lecture, c?est leur rendre justice en leur restituant leur part de rêve volé.


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