Pour fuir toute transparence dans leurs transactions commerciales, lesAlgériens (clients et commerçants) seraient résistants à la carte bancaire.L'idée est si caricaturale qu'elle est systématiquement rejetée parAbderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et desétablissements financiers (ABEF), et par d'autres spécialistes invités à larencontre-débat organisée, mardi, à l'hôtel «Mercure» par le magazineéconomique «Algérie-Entreprise». «Je ne crois pas à cetteétiquette de «fraudeurs dans la peau» qu'on voudrait coller aux Algériens»,lance Benkhalfa, rejoint par bon nombre de spécialistes et intervenants dans lesecteur bancaire et financier, lors de la partie du débat relative à lamonétique. Bien au contraire, estime-t-on, «la clientèle est prête» et qu'ilfaudrait plutôt imputer ce manque d'intérêt, si manque d'intérêt il y a, au«retard pris dans le développement et la généralisation du mode de paiementélectronique». Il existe, selon le représentant de l'ABEF, un potentiel de«20.000 à 30.000 commerçants à vouloir se mettre à la monétique». Pour PierreGueneau, du programme MEDA-Algérie, «il n'y a pas plus de réticences en Algériequ'en France dansles années 80». «La balle, ajoute-t-il, est dans le camp des banques poursusciter l'intérêt des gens vers ce mode de paiement moderne». Benkhalfa évoqueun «problème technique» à l'origine du retard dans la généralisation de lacarte bancaire (CB). Il explique que c'est par souci de «sécurité du systèmed'information des banques» que les échéances ont été, quelque peu, retardées.Un problème qui est, selon lui, en passe d'être réglé. Il explique que danscertaines banques «les clients font la chaîne pour obtenir leur CB». Undeadline a été fixé pour le début 2008 pour passer définitivement le cap de lamonétique. Il a beaucoup été débattu, lorsde cette rencontre, des questions de formation et des compétences dans le secteurbancaire. Les banques ont d'importants besoins en «chargés de clientèle» bienformés, affirme un intervenant. Mais est-ce la seule compétence des personnelsqui fait la différence en matière d'efficacité entre les banques publiques etles banques privées installées en Algérie? Abderrahmane Benkhalfa nous avouera,en aparté, que le gros problème des banques publiques «c'est leur organisationet non pas la compétence du personnel». Il espère que l'ouverture de capitaldes banques publiques changera les choses par l'apport d'une nouvelle vision enmatière de «gestion des compétences» et de «productivité». Dans le chapitre des créditsbancaires, le représentant de l'ABEF a révélé que sur un montant de 1.850milliards de DA (MDA), 205 MDA sont des prêts accordés aux particuliers et dontles deux tiers sont destinés à l'immobilier. Selon lui, le marché du crédit auxparticuliers a encore de beaux jours devant lui. C'est pour cela qu'il faut,dit-il, «chercher à en prévenir les risques de surendettement des ménages (dontnous sommes encore très loin)», annonçant un taux de «déchets» (mauvaispayeurs) de l'ordre de 2% seulement. Par ailleurs, et selon le mêmeintervenant, la demande de crédits aux particuliers «s'élève à 2% des revenusdisponibles». La hausse prévue des demandes de crédits serait «favorable auxPME pour pouvoir écouler leurs produits». Sur ce même registre, AbderrahmaneBenkhalfa a plaidé en faveur d'un «soutien pour la réduction des coûts desPME-PMI (publiques et privées) fragilisées dans leurs marchés et dont lescontraintes ne leur permettent pas d'être compétitives». Par soutien, il fautentendre des avantages fiscaux et d'accès aux crédits. M. Benkhalfa a annoncél'introduction, en 2008, d'un système de «rating» (cotation) des entreprises partrois banques publiques algériennes. Ce qui permettra, selon lui, de noter desentreprises selon un certain nombre de critères comme la performance, lacompétitivité et la place qu'elles occupent sur le marché. Le but de cettedémarche, explique le représentant de l'ABEF, c'est de donner une meilleurevisibilité des entreprises auprès des banques, leur ouvrant ainsi les portes del'accès aux crédits bancaires. La mise en place du dispositif de «rating» sefera avec l'aide de l'Union européenne. Il sera attribué momentanément à troisgrandes banques publiques avant d'être confié, en définitive, à une Agencespéciale de cotation. Dans le chapitre du leasing, laprésentation faite par M. Trabelsi d'»Algerian Leasing Company» (ALC) laisseentendre que l'Algérie est en retard dans ce domaine. En retard pas seulement parrapport aux pays développés mais en comparaison, par exemple, à la Tunisie quia introduit le leasing au milieu des années 80 alors que le démarrage enAlgérie date de 2002. «Le leasing est, dit-il, le produit type qui convient auxPME-PMI». Cependant, Abderrezak Trabelsi évoque des «obstacles» réglementairesdevant les sociétés de leasing (notamment l'article 104 de la loi sur lamonnaie et le crédit). D'un autre côté, l'intervenant estime que la législationalgérienne «protège bien les sociétés de leasing». Il explique, par exemple,que le contentieux en matière de leasing «ne dure pas plus qu'un mois», etqu'en matière de litige les banques sont moins protégées que les sociétés deleasing. Le marché algérien du leasing est évalué à 1,5 milliard de dollars,contre 500 millions de dollars en Tunisie. D'où, selon M. Trabelsi, lanécessité de plusieurs autres intervenants sur ce marché. Enfin, Abderrahmane Benkhalfa asoulevé la nécessité de «faire évoluer la législation bancaire» dans le sens du«décloisonnement» et de la «désintermédiation».
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Posté Le : 15/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Mehdi
Source : www.lequotidien-oran.com