Algérie

Rentrée en deux temps


La rentrée sociale s'appréhende chaque année comme le moment qui décide dans une grande mesure du climat et de la substance politique des mois qui la suivent. Cette année, le hasard du calendrier a fait que la vraie rentrée coïncide avec cette date fortement symbolique du 5 octobre, la parenthèse du ramadhan ayant été vécue psychologiquement comme un prolongement béni de la relâche estivale.Brutalement, le pays se retrouve face à des défis, voire des urgences qu'il n'est point possible de contourner, à l'image de la catastrophe qui vient d'endeuiller la région du M'zab et dont les lendemains chaotiques viennent rappeler toute la vulnérabilité qui est celle de notre pays devant ces « coups du sort » cycliques dont on n'arrive pas encore à tirer les leçons. Urgence encore sur le plan économique avec la panique sans pareille qui s'empare des marchés boursiers internationaux et dont les contrecoups sur les finances nationales demeurent imprévisibles malgré les assurances du premier argentier du pays. Car des assurances de ce genre, les ministres ont l'habitude d'en donner et la réalité a l'habitude de les contredire, comme ce fut le cas tout dernièrement s'agissant de la régulation du marché durant le mois sacré du ramadhan.Ces deux faits, suffisamment majeurs pour capter l'intérêt de l'opinion publique, ont pour l'heure pour effet d'escamoter des composants lourds charriés par la rentrée avec leur lot d'incertitudes et d'angoisses. Si lourds et composites qu'ils ont, à l'aune du 20e anniversaire des émeutes d'octobre, inspiré des craintes de voir le pays secoué par une nouvelle vague de protestation importante. C'est que, comme s'accordent à le relever plusieurs observateurs de la scène politique, les ingrédients n'ont pas manqué d'alimenter la manifestation d'un ras-le-bol généralisé dans un pays où le quotidien difficile du citoyen jure avec l'aisance financière de l'Etat et où la boussole politique a rarement été aussi capricieuse et détraquée.Personne aujourd'hui ne peut ainsi réellement renseigner sur les intentions précises du pouvoir quant aux échéances politiques à venir en termes de calendrier et d'options concrètes. Tout se passe comme si la révision de la constitution et la prochaine élection présidentielle étaient la stricte affaire du pouvoir politique, de ses clans supposés et de sa périphérie, à l'exclusion de la société. On a en effet vogué longtemps dans un flou qui a confiné au renoncement avant que le secrétaire général du RND ne remette le sujet sur la table et annonce le rendez-vous de la fameuse révision constitutionnelle comme imminent. « Dans les prochains jours », avait crânement soutenu Ahmed Ouyahia, répondant à des « affabulateurs » qu'on aura vaguement identifiés parmi les voix opposées à un troisième mandat de Bouteflika.On en est encore là quelques semaines après, alors que les us politiques les plus communs auraient voulu que la nation tout entière, à défaut d'être associée à travers ses relais politiques, soit avisée dans des formes qui ne souffrent aucune approximation de ce que ceux qui la gouvernent projettent pour son avenir.
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