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Rendre le livre accessible et chacun trouvera son compte



Rendre le livre accessible et chacun trouvera son compte
La 19e édition du Salon international du livre d'Alger (Sila-2014) s'est achevéeen apothéose. En termes de participation, de fréquentation et de débats, la manifestation aura, selon ses promoteurs et leurs vénérables invités, tenue toutes ses promesses. Même s'il est encore trop tôt pour tirer le bilan détaillé des festivités, on ne cache pas, comme à l'issue des éditions précédentes, une espèce de satisfaction avec en prime une belle promesse pour l'avenir. On y a parlé, à peu près, de tout; la production livresque, la diffusion, le lectorat, les échanges, les nouvelles tendances de la production littéraire et sesperspectives. Des contacts ont été noués à l'occasion, des opportunités de partenariat ont été examinées, des projets ont été esquissés et le rendez-vous fut pris pour la prochaine édition. Après l'effervescence, Alger renoue avec la routine.Mais, au fond, tout cela dépend intimement de la promotion de la lecture et de l'intérêt du lectorat. Comme tout marché de biens, le succès et le développement réel de l'édition reste évidemment suspendu à la diffusion et à la vente du livre.En un mot à sa pénétration réelle dans les foyers, les établissements scolaires, les librairies et les bibliothèques. Avant et après de tels événements, on discute souvent de la lecture et de son importance dans l'émancipation de la société. Mais on ne s'attarde pas suffisamment sur les lacunes profondes et les contraintes réelles qui contrarient l'industrie du livre.Dans le cas propre de l'Algérie, on oublie vite que le pays a vécu plus d'un siècle sous le joug d'un colonialisme de peuplement qui avait systématiquement instauré et méthodiquement appliqué une politique de déculturation massive du peuple. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : peut-on réparer, en 50 ans d'indépendance, les torts causés par 130 ans de domination et d'aliénation ' Difficile de répondre. Le livre, en tant que premier paravent de la culture et son premier vecteur de transmission, a-t-il été convenablement utilisé durant les premières années après l'indépendance pour se réapproprier et revaloriser la culture algérienne authentique ' À ce propos, où réside exactement l'authenticité dans ce domaine ' Ne faut-il pas faire la distinction entre le contenant et le contenu 'À sujet précisément, la langue du colonisateur et la culture qu'elle véhicule, qui prévalent et prévaudront encore pour longtemps dans le pays, doivent-elles être considérées comme un enrichissement (butin de guerre) ou comme une fatalité supplémentaire à surmonter ' À l'évidence, la maîtrise des langues étrangères est une vertu qui permet à la culture locale de s'ouvrir sur de nouveaux horizons et de mieux défendre ses chances dans le village mondial. Mais, ne faut-il pas cependant se méfier des langues et de leur subtilité ' En d'autres termes, que lire ' Comment s'y prendre ' Faut-il prendre pour argent comptant tout ce qui est édité et mis sur le marché ' Comment distinguer le vraidu faux 'À la lumière de toutes ces questions, on réalise que la lecture est un art auquel on doit aussi s'initier. Or, dans ce domaine, comme dans tous les autres, rien ne remplace la pratique. C'est au fil de ses lectures personnelles qu'on se forge un esprit critique, un tempérament. On ne peut pas tout apprendre à quelqu'un et lui imposer de s'y conformer. D'où la nécessité impérieuse de remettre le livre à sa place dans la rue, les cités populeuses et les agglomérations enclavées. Le rendre accessible à tous, quitte à le subventionner. Ainsi, on verra tous plus clair et on saura, au final, faire la part des choses.K. A.


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