Algérie

RENCONTRE AU MUSEE CIRTA DE CONSTANTINE «De l'intérêt de se doter d'une grande agence d'archéologie préventive»



L'Algérie, qui possède un patrimoine archéologique des plus riches, «a tout intérêt à se doter d'une grande agence d'archéologie préventive », a estimé à Constantine le Pr Alain Schnapp, professeur d'archéologie à l'université Paris I (France).
Animant jeudi soir, aux côtés de Mme Nabila Oulebsir de l'université de Poitiers (France), une rencontre sur l'archéologie au musée national Cirta de Constantine, cette chercheuse, auteure de nombreuses publications dans le domaine de l'archéologie et de l'histoire a débordé du sujet de sa conférence intitulée «Les ruines, la mémoire et la conception du passé, une analyse comparative », pour parler du volet de l'archéologie préventive. Celle-ci, dont la vocation est de préserver, au moyen de fouilles dites de sauvetage, le patrimoine archéologique menacé par les travaux d'aménagement, revêt «une très grande importance dans la sauvegarde du patrimoine», selon le Pr Schnapp qui a regretté qu'aucun des pays musulmans du bassin méditerranéen, y compris la Turquie, ne se soit doté de structures en la matière, malgré la richesse de leur patrimoine archéologique, a-t-il ajouté. «Dans un pays comme la France qui ne figure pas parmi les mieux organisés au monde, ils sont 2 000 techniciens-chercheurs à travailler dans l'archéologie préventive, tandis qu'au Japon, ils sont 6 000 et en Angleterre 4 000», dira-t-il, relevant que ce volet devrait être intégré dans les études d'impact des chantiers et son financement inclus dans le budget des projets. Abondant dans le même sens, Mme Sabah Ferdi, du Centre national de recherche en archéologie (CNRA), a rapporté que les chercheurs de ce centre passent une bonne partie de leur temps à sillonner le pays pour faire de l'archéologie de sauvegarde et pour expertiser les découvertes archéologiques fortuites, effectuées au hasard de travaux d'excavation. «Nous sommes à peine 20 chercheurs à travailler au CNRA, ce qui est insignifiant pour un pays de 2 millions de kilomètres carrés et nous passons le plus clair de notre temps à sillonner le territoire national pour expertiser des découvertes archéologiques fortuites, nous faisons cela au détriment de la recherche permanente. » Soulignant à son tour l'importance de l'archéologie préventive, Mme Ferdi a relevé que bon nombre de découvertes qui ont bouleversé les données de la stratigraphie, de l'archéologie ont été faites fortuitement et sont parties d'un tesson de céramique, de poterie ou d'un autre objet découvert par hasard et paraissant à première vue banal et insignifiant. La découverte effectuée dans les années 1990 à Tazoult (ex-Lambèse, près de Batna) figure parmi les cas illustrant l'importance de l'archéologie préventive et rapportés par Mme Ferdi qui expliquera qu'au cours de travaux de creusement d'un puits, il a été découvert un bout de mosaïque qui s'est avérée unique au monde illustrant la légende du Sacrifice manqué de Phrixos et Hellé». Cette légende existe sous forme de peintures et autres illustrations, mais c'est la seule illustration au monde qui existe sous forme de mosaïque et elle a été découverte fortuitement à Lambèse.
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