Regard

Le peuple va roter J-5. Dernière ligne droite dans des Législatives qui feront date. C’est dans cette perspective que nos compatriotes, installés à l’étranger, ont commencé à voter. Si les regards des candidats se tournent, naturellement, vers l’Europe qui détient une grande partie de l’électorat expatrié, même si les nationaux ne comprennent pas très bien ce que les futurs élus pourraient promettre à des Algériens qui ont perdu 50%, au moins, de leur algérianité (du fait d’une qualité ambivalente de binationaux), ce sera le scrutin qui s’est déroulé dans la Fédération de Russie qui aura remporté la palme de cette cuvée 2007. Trois centres de vote -Moscou, Saint-Pétersbourg et ultérieurement Krasnodar- ont été désignés pour recueillir les suffrages des 819 Algériens inscrits dans cette lointaine contrée et qui doivent, probablement, tout ignorer et des programmes et des candidats qui leur ont été proposés. Des Algériens qui ont parfaitement le droit de choisir leurs représentants, même si ces derniers ne leur serviront pas à grand-chose du fait qu’une majorité de cet électorat est constitué de militaires en formation, d’anciens militaires installés en Russie parce que mariés à des Russes et des étudiants dont certains en sont à leur dix ou douzième année d’études. C’est dire toute «l’importance» de ces voix qui pourraient faire basculer un vote et faire élire un candidat plutôt qu’un autre. Ne rions pas. L’histoire retiendra l’élection de ce maire dans un village de l’Hexagone à la différence d’une seule voix. Celle d’un sexagénaire qui a été le dernier à voter et qui a été fêté un peu comme ce buteur qui a donné le but de la victoire dans une finale de coupe du monde de foot. Les opérations qui ont eu lieu en Russie n’auront, certes, pas le même pouvoir d’arbitrage décisif, mais il est évident que des records seront battus. Celui de la rapidité, de la participation, du flou, de l’honnêteté du décompte, probablement parce que ces voix ne serviront à rien, mais surtout de la transparence. Pas de celle à laquelle les Nations Unies ont donné une définition et des critères qui ne sont pas respectés y compris dans les «grandes» démocraties, et dont on abuse ici, mais de cette transparence qui fera apparaître, sans risque d’erreur, ceux qui s’abstiendront. Une sorte de mouchardage qui aurait été bien utile dans bien des wilayas. De ce vote, il serait curieux de savoir si des représentants des partis en lice ont fait le (long et coûteux) déplacement pour s’assurer de la régularité des opérations. Car ce sera de cet intérêt que l’on saura si l’Etat a déjà voté ou si le peuple va roter. Dans tous les cas, les jeux sont maintenant faits. Dans tous les sens.