Regard

Recrudescence sans surprise Les attentats à la voiture piégée dans le triangle sunnite irakien ont pris une proportion qui n’a surpris en vérité que ceux qui ont feint ne pas voir la réalité en face. Depuis le départ, toutes les données étaient là pour dire que le système Saddam avait servi de couvercle pour cacher les rancœurs refoulées. Mais pas seulement. Si le Maghreb arabe a toujours échappé, pour des raisons historiques, aux grandes rivalités des différents courants de l’Islam -en l’occurrence le Chiisme contre tout le reste- le Moyen Orient découvre, dans le sang, combien ces rivalités peuvent être sans pitié entre musulmans. L’Iran, chef d’orchestre de cette grande mise au pas, engrange chaque jour que Dieu fait les dividendes de la guerre totale qu’il a lancée à travers contre tous. Le très curieux rapprochement qui s’est opéré la semaine dernière entre la Syrie et le tout nouveau gouvernement irakien a déconcerté plus d’un observateur... Le fait est que cette idylle n’est qu’une allégeance de la Syrie à l’Iran par l’intermédiaire d’un Irak, pour la première fois de son histoire contemporaine, dirigé par des Chiites! Les Sunnites, eux, n’ont plus que les bombes pour dire leur sanglant mécontentement. La guerre des «madhahib» n’est pas donc une guerre qui a mal tourné. Elle est le résultat normal d’une situation de recul inédit dans les mentalités musulmanes. Elle aussi est le résultat normal d’un plan d’expansion iranien dont l’expression la moins évidente est la crise libanaise et la plus meurtrière cette rue irakienne qui ne compte plus ses morts. Les Etats-Unis dans tout cela attendent que le «gros du travail» soit fait par cet allié irremplaçable qu’est l’Iran, pour remettre en marche son plan de grand Moyen-Orient dans lequel, curieusement, Téhéran lui emboîte le pas. Le monde musulman ne cessera pas de payer cash cette terrible entreprise iranienne lancée y compris dans notre pays il y a vingt ans, avec le peu de succès qu’on lui connaît. Pour le moment du moins.