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Reforme du secteur de la culture, une mission délicate



Reforme du secteur de la culture, une mission délicate
Repenser la politique culturelle avec l'ambition de redynamiser véritablement le secteur, voilà l'ambitieux projet de l'actuelle ministre de la Culture.Le chantier, tel qu'annoncé, est de nature à révolutionner les méthodes éculées de travail et de gestion adoptées jusque-là. Depuis sa nomination, il y a tout juste une année, la ministre de la Culture, Nadia Labidi, ?uvre patiemment dans ce sens, en impliquant les acteurs directement concernés. Au mois de juilletde l'année dernière, un long cycle de rencontres et de consultations a été, pour rappel, lancé pour recueillir les idées, les critiques et les doléancesdes professionnels et des promoteurs de toutes les disciplines artistiques etculturelles.L'objectif consiste à faire un inventaire précis de la situation dans chaque filière d'activité. Le patrimoine, les arts plastiques, le cinéma, le théâtre, la musique, la chorégraphie, la littérature et l'édition ont été autant de dossiers passés au peigne fin avec la participation des artistes, des critiques, des spécialistes et des opérateurs intéressés. Afin de faire le point sur toutes ces discussions, le département de la culture prépare en ce moment une conférence nationale sur la culture. Ces assises nationales, dont le calendrier sera bientôt fixé, se déclinent en six ateliers (patrimoine culturel, livre et édition, cinéma, théâtre, musique et arts visuels) où «seront débattues des propositions par secteur culturel élaborées par le ministère sur la base des propositions concrètes des professionnels, détaillées dans un document de 15 pages», rapporte l'APS. Il s'agit, en fait, d'étudier et de faire adopter les solutions préconisées par les experts aux problématiques préalablement posées par les acteurs culturels. En matière d'approche et de méthodologie, la réforme, on l'aura notée, se veut démocratique, transparente et ouverte. «L'objectif de la conférence est d'associer la communauté des artistes, les hommes de culture et les intervenants du secteur culturel dans le développement et la mise en ?uvre de la politique culturelle en Algérie», est-il souligné dans le préambule du document soumis au débat. Cette nouvelle politique culturelle est axée sur trois points principaux «la préservation et la valorisation du patrimoine, le soutien à la production et aux industries culturelles et créatives, ainsi que l'accès des citoyens aux activités culturelles», apprend-t-on toujours de même source.Sur le papier, les perspectives s'annoncent alléchantes. Mais dans les faits et les actes, la mutation tant souhaitée ne sera pas facile à mettre réellement en ?uvre, en raison des inerties, des réflexes et des vieilles manies qui contrarient souvent les bonnes initiatives en Algérie. La lourde bureaucratie, qui se «sucre» depuis toujours sur le dos du secteur, ne s'en laissera pas conter ni déraciner facilement. On peut se dire qu'il s'agit d'un préjugé prématuré et d'une mauvaise prémonition, mais les faits sont là, têtus. Quand on voit les organisateurs de grandes manifestations culturelles se disputer publiquement la rente publique et ses dividendes comme de vulgaires chiffonniers, on se dit- et à juste raison- que rien n'a encore changé en haut lieu. C'est là qu'il convient d'agir, en premier, pour tarir la source de l'opportunisme et de la médiocrité. Pour réussir dans cette mission périlleuse, Nadia Labidi et ses proches collaborateurs doivent bien s'entourer de compétences et de bonnes volontés. Toute réforme a besoin de sang neuf et d'idées fraîches. Dans notre cas, le ministère, les directions de wilaya qui lui sont affiliées et les établissements publics doivent être mis au service exclusif de la création et de la culture, sans distinction ni discrimination. L'accès aux infrastructures, aux moyens de production et aux subventions doit être garanti aux acteurs indépendants, longtemps stigmatisés pour, pense-t-on, leur liberté de ton. C'est un gage à la diversité et au rayonnement culturels. En vérité, les «gardiens du temple» ne se soucient que de la rente qu'ils protègent comme une chasse gardée. L'enjeu premier de la réforme se situe à ce niveau. Sinon, en matière de moyens et d'infrastructures, l'Algérie a réalisé ces dernières années de grandes avancées, suffisantes pour la relance effective du secteur. L'ambitieux projet que le ministère s'apprête à mettre en ?uvre est théoriquement exemplaire. Le plus dur serait de le concrétiser sur le terrain.K. A.


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