Algérie

Récurrence des constructions inachevées



Des bétonvilles partout Les pluies qui se sont abattues sur la capitale ont amoché encore plus son aspect : les constructions inachevées de Haï Sonelgaz à Semar à Gué de Constantine offrent l?image lugubre d?un bourg sans relief. « Les terrains appartiennent au Domaine. Mon grand-père a acquis la maison en R+1 d?une personne qui l?a lui même achetée en deuxième main. On y a mis les pieds en 2002. Depuis, aucune transformation n?a été faite par mes parents, à part quelques aménagements à l?intérieur du rez-de-chaussée, seul endroit occupé par la famille. » Salim, qui s?est installé avec sa famille dans la maison parentale, fait remarquer que le phénomène des constructions inachevées est « partout présent ». Dans ce lotissement en chantier depuis plus de dix ans, plus de 300 constructions sont sorties de terre. L?endroit que l?on peut apercevoir à partir de l?autoroute Est tranche d?avec l?immeuble rutilant de Sonelgaz situé non loin de la cité El Hayet, qui elle-même commence à se rurbaniser. Des particuliers expliquent la situation actuelle dénigrée par le président de la République lui-même par « la cherté des matériaux de construction ou par l?appât du gain pour certains entrepreneurs. » Les constructions se vendent à des milliards dans cet endroit qui manque de tout. « Un voisin a mis sa maison en R+3 en vente à 700 millions de centimes », soutient cet employé qui veut sortir de cet endroit et habiter son logement AADL à El Achour. « Le plus tôt serait le mieux. » Le phénomène des constructions laissées en jachère est apparu depuis que l?Etat s?est désengagé en partie de cet aspect, laissant la main libre aux particuliers, soit à la fin des années 1980, continuera d?exister après la promulgation de cette loi. « Le non-respect du plan d?architecture, si l?on prend la peine d?en confectionner un, la modification du plan de masse en prenant la peine de sucrer un responsable, tout cela fait que les lotissements offrent ce décor. La loi n?est qu?un effet d?annonce. » Les occupants de ce lotissement de Gué de Constantine qui se transformera en bidonville comme ceux des 65 000 autres répartis à travers la capitale, appréhendent les « réactions c?rcitives » des services du ministère de l?Habitat qui ont annoncé la promulgation d?une loi « dure » sur les constructions inachevées. Sauf qu?ils mettent vite un bémol à leur gêne : « On en a que faire. Qui peut nous y contraindre », relève notre interlocuteur en faisant remarquer que la fonction de la police d?urbanisme et de la protection de l?environnement créée le 12 décembre 1999 est limitée au seul constat. « Elle n?intervient qu?assistée par les forces de l?ordre. D?ailleurs, le nombre de ses inspecteurs par circonscription est insignifiant, rendant le règlement de la situation impossible. Les inspecteurs sans aucune protection se trouvent confrontés au chevauchement des compétences. Des lois viennent en abolir d?autres sans que la situation change. » Pour notre interlocuteur, seuls le président de l?APC et le wali délégué sont habilités à prendre « les mesures qui s?imposent. Ils sont seuls à pouvoir se prononcer sur une démolition mais ne le font pas dans la plupart des cas en raison d?affinités évidentes avec ces personnes ou pour ne pas bousculer un électorat potentiel ». Les élus locaux eux-mêmes rejettent la balle au wali. De cette situation confuse qui ne semble pas connaître son épilogue, seuls les constructeurs en tirent profit puisque la situation restera la même en dépit de cette loi annoncée il y a quelques mois.



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