Algérie

Recul en Iran




La parenthèse des réformes initiées par le président sortant Mohammad Khatami est définitivement fermée avec la victoire à la présidentielle de Mahmoud Ahmedinejad, fondamentaliste pur et dur. L?Iran n?a plus aucun espoir, du moins à court terme, d?entrer dans le concert des nations démocratiques et pas seulement en raison de l?intégrisme dominant. Les réformateurs ont une part de responsabilité dans le recul du pays, n?ayant pas su tenir leurs promesses, notamment à l?égard de la classe moyenne et de la jeunesse : ils sont parvenus au bout de ce qu?ils pouvaient offrir, eux-mêmes étant d?extraction conservatrice, les coups de boutoir de leurs adversaires politiques faisant le reste. Les ennemis des réformateurs se recrutent aussi bien au sein des lobbies ultrareligieux, très présents dans la société iranienne, qu?au niveau de la sphère dirigeante incarnée par Ali Khamanei, guide suprême, et par les mollahs. Ces derniers s?inscrivent en droite ligne dans l?héritage de l?ayatollah Khomeini qui ne tolère aucune entorse à la nature théocratrique de la nation iranienne. Assimilée à une hérésie, l?émergence de la notion d?« ouverture démocratique » a été vue comme une dangereuse tête de pont du « satan américain ». Les pressions de Washington sur le nucléaire iranien ont été présentées comme une atteinte à leur choix de société et à la religion elle-même. Ce discours est bien passé sur fond d?occupation de l?Irak, du Coran souillé à Guantanamo, de soutien sans faille à Israël et de troupes massées aux frontières avec l?Iran. L?administration a contribué, elle aussi, à jeter les Iraniens dans les bras de l?intégrisme radical. Reste que le nouveau chef de l?Etat, Mahmoud Ahmedinejad, n?aura pas une tâche facile, car les jeunes et les femmes ont commencé à prendre goût à la liberté, même si elle ne leur a été servie qu?à petites doses. Ils n?accepteront pas de retour en arrière et ils ne manqueront pas de le clamer dans la rue. Le risque est la généralisation de la violence et la systématisation de la répression d?autant que le Président fraîchement élu a promis « une société islamique exemplaire », ce qui, dans la bouche d?un chef théocratique, ancien membre des forces spéciales de l?armée idéologique, signifie la mise au pas. La communauté internationale se trouve piégée, car elle doit ménager Mahmoud Ahmedinejad pour trouver une solution au nucléaire iranien et préserver les approvisionnements pétroliers, mais en même temps elle ne peut fermer les yeux devant les atteintes aux droits de l?homme dans ce pays. Déjà embrasée, la région n?avait vraiment pas besoin d?une autre poudrière.





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