Qui est apparu avant, la vis ou le tournevis '

Tous les bricoleurs le savent, on peut tourner une vis vers la droite pour serrer, vers la gauche pour desserrer. La logique voudrait qu'en ces temps asthmatiques où tout le monde manque d'oxygène et de confiance, il faille desserrer pour laisser un peu de jeu. C'est le contraire qui se passe, les bricoleurs vissent encore dans le même sens et viennent de donner un tour supplémentaire au risque de casser le tournevis ou de foirer définitivement le pas de vis.Comment expliquer le nouveau code pénal qui sanctionne de 3 ans de prison et de 20 000 à 100 000 DA d'amende celui qui partage en public ou possède des publications touchant à «l'intérêt de la nation»' La peur bien sûr, mais aussi une conduite suicidaire qui consiste à étouffer toute critique, avec cette conséquence, puisque les canaux de représentation politique sont bouchés aussi, l'émeute ou le djihad nihiliste comme moyens d'expression.Car si la notion d'intérêt de la nation reste floue comme dans l'affaire Ould Dada, «partager» inclut aussi les réseaux sociaux, c'est-à-dire que n'importe quelle idée publiée sur internet est passible de 3 ans de prison. La terreur est-elle une conduite intelligente ' C'est au tournevis qu'il faut poser la question. Avec le droit de grève qui s'est encore durci pour devenir pratiquement impossible, les acquis tombent peu à peu, détruits par le poids de la crispation générale, policiers et juges main dans la main pour défendre une vieille autocratie.Mais contre qui ' L'OTAN ou les Algériens ' Ennemis externes ou internes' Ce cas récent, un nouveau trou dans les caisses de Sonatrach à hauteur de 5000 milliards, apporte un éclairage. Révéler l'affaire peut constituer une atteinte à l'intérêt national, délit puni par la loi. Mais par rapport à l'amende de 100 000 DA prévue dans ce cas, il vaut mieux voler que dénoncer le vol, ça rapporte beaucoup plus. Les rois du bricolage.