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La crise et le sinistre



La crise et le sinistre
Comme si l'équation n'était pas suffisamment compliquée s'agissant de la déroute que connaît le système éducatif national, il a été décidé de lancer aujourd'hui la rentrée scolaire à partir de la ville de Ghardaïa. Il est clair que c'est l'école qui forme les générations imbues des valeurs de citoyenneté, de modernité et d'ouverture sur les autres et sur le monde, mais le contexte de crise aiguë persistant depuis des années dans la vallée du M'zab commande la présence et l'action des plus hautes autorités politiques du pays.La visite de la ministre de l'Education ne peut pas être d'un grand impact dans cette partie du pays sujette périodiquement à des conflits intercommunautaires que le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, les walis successifs et les chefs de police et de gendarmerie n'arrivent pas à résorber durablement, encore moins définitivement.A moins que le but recherché à travers cette initiative «pédagogico-politique» est de signifier aux syndicats de l'éducation que leurs tentations de perturber le climat de l'année scolaire sont dérisoires, ou d'arrière-garde, dans un pays qui s'emploie à préserver son unité et sa stabilité sociale. Dans tous les cas, Mme Benghebrit risque de perdre son latin après avoir été accusée de perdre son arabe classique. Ce n'est pas en ajoutant la crise au sinistre que l'on peut éclaircir les termes du débat et éloigner les nuages qui s'accumulent à l'horizon.En fait, le meilleur endroit pour lancer officiellement la rentrée scolaire est? le ministère de l'Education nationale. Les parents d'élèves et l'opinion publique en général attendent de connaître les nouveautés dans les programmes, les premiers éléments de la réforme en profondeur promise pour tirer l'école algérienne de son sinistre légendaire.La problématique du secteur est : comment former des citoyens et non des émirs, des bâtisseurs du pays et non des harraga, une société acquise à la démocratie, aux sciences et aux langues et non des nébuleuses de djihadistes promettant la guerre au monde ' En attendant des réponses à ces questions de fond, des bribes d'informations avaient été rendues publiques ces dernières semaines, comme la réduction du poids du cartable et quelques modifications dans certains manuels scolaires. Si l'administration affectée à la refonte du système éducatif continue de se noyer dans le cartable de l'écolier, il n'y a pas grand espoir d' assister à moyen terme à la mise en ?uvre d'un véritable plan de sauvetage de l'école.Après avoir prêté une attention particulière au discours prônant les grands principes de bonne gouvernance et de gestion participative dans les établissements scolaires, on découvre, à l'occasion de cette rentrée, que l'Etat n'a pas suffisamment construit d'écoles pour accueillir les élèves dans des conditions minimales et que le renouvellement des infrastructures couvre à peine les dégâts de l'activité sismique dans le pays. Nous promettions l'introduction des TIC et des tablettes numériques pour les élèves sans être sûrs de leur garantir de simples tables d'écolier dans les salles de classe.




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