Pourra-t-on sentir le jasmin au square Port Saïd '

La placette du square Port Saïd, cet espace qui fait face à la Méditerranée, était jadis un lieu de détente et de bien-être. Les gens pouvaient passer des moments agréables sous des arbres centenaires au milieu des roses et des fleurs et se laissaient bercer par le gazouillis des oiseaux. Aujourd'hui, cet endroit est squatté par la lie de la société. Les filles de joie, les truands, les narcotrafiquants, les « réfugiés », même les malades mentaux s'y donnent rendez-vous. Ils s'allongent et s'affalent tout au long de la journée sur les bordures, qui étaient auparavant des massifs de fleurs, et le gazon jauni. La placette du square Port Saïd offre un spectacle désolant d'un cadre de vie en perpétuelle dégradation. Toutes les capitales du monde se distinguent par des endroits féeriques et des paysages dignes des cartes postales, mais qu'en est-il d'Alger la Blanche ' La placette du square Port Saïd, qui fait face au prestigieux patrimoine culturel qu'est le TNA (ex-opéra) et au fameux café Tontonville, est devenu des toilettes publiques à ciel ouvert. L'odeur des urines se fait sentir à mille lieux à la ronde. « Les faux artisans » sont légion. Ils exposent des babioles d'importation. Les kiosques à journaux ainsi que les fleuristes qui se sont convertis en gargotes rendant l'endroit encore plus repoussant. Des étrangers et des nationaux de passage sont souvent choqués de voir des malades mentaux errer à moitié nus. Le kiosque à musique, qui témoigne d'une belle époque, sert de sèche-linge pour les prostituées et les vagabonds. Les gens de passage hésitent à traverser cette jungle urbaine où naguère on se donnait rendez-vous. Méfiants et craintifs, ils ont raison de redouter des agressions. Aujourd'hui, la fameuse placette est complètement abandonnée par les autorités locales. Quelques agents se contentent d'arroser de temps en temps des fleurs fanées et un gazon jauni. Il suffit de bonne volonté pour qu'un jour, les senteurs embaument de nouveau les lieux.