Algérie

Pour une université sans craie et sans tableau (Suite & Fin)




Nous savons également que quelques projets pilotes de téléenseignement ont été élaborés, mais nous ignorons leur état d'avancement. De même nous avons constaté avec satisfaction l'existence de portails enviables et de sites attrayants conçus par des «petites» universités algériennes qui se sont même lancées dans la formation à distance.  D'autre part, un certain nombre de collègues algériens ont créé sur Internet, leur propre site (Blog) destiné à un large public en général et aux étudiants en particulier. Ce type d'initiatives devrait être encouragé. Dans ce sens, l'université d'Oran a mis à la disposition des enseignants, une salle équipée de PC et connectée au réseau Internet, mais le nombre de postes reste insuffisant et le matériel est vétuste. De plus, les horaires non adaptés de fermeture de ce centre (au plus tard à 16 heures) et la connexion à faible débit ou souvent interrompue constituent une grande contrainte. Par ailleurs, toujours couplé à l'enseignement traditionnel, l'enseignement à distance sous tutorat pourrait en outre, combler partiellement la carence des infrastructures et le déficit d'encadrement, face à des flux d'étudiants de plus en plus importants.  Concernant l'intégration des TIC en Sciences Physiques, cette merveilleuse discipline qui rebute tant d'étudiants parce que nous n'avons probablement pas accordé assez d'importance à l'aspect didactique, il nous semble que ces nouveaux outils ont leurs places naturelles tant au niveau des cours que celui des travaux dirigés ou des travaux pratiques. Nous noterons au passage, que la Physique cette matière fondamentale enseignée aux étudiants des sciences exactes, de la biologie, du biomédical et de toutes les spécialités de la technologie (formation de techniciens supérieurs et d'ingénieurs) mérite une attention soutenue. Pour les cours de Physique qui comprennent généralement du texte, des formules, des tableaux, des graphes (dont parfois des courbes qui nécessitent un tracé non approximatif pour une nette compréhension) et des schémas, il est sans aucun doute plus aisé de gérer ses cours à l'aide d'un PC. L'enseignant peut alors utiliser le logiciel de présentation PowerPoint qui permet également d'inclure du son et de l'image, rendant ainsi le cours de Physique plus attractif car mieux illustré. Les désagréments dus au tableau et à la craie seront ainsi évacués. L'idéal serait que nos universités puissent disposer de suffisamment de vidéo projecteurs pour utiliser le PowerPoint. Alors quand verrons-nous fréquemment un enseignant muni d'un micro-ordinateur portable, en entrant dans sa salle de cours? Si un PC est disponible dans la salle (avec le vidéo projecteur, bien évidemment), il lui suffira de retirer de son porte clefs ce support optique d'archivage de grande capacité, mais de la dimension d'un petit briquet, appelé le flash disk (USB) et le brancher sur le «micro» pour dispenser son cours. La gestion des tâches se trouvant facilitée, l'enseignant pourra alors mieux se consacrer à la recherche ou à des occupations didactiques; Pour les travaux dirigés, ces séances de résolution d'exercices ou de problèmes peuvent être illustrées par des cédérom interactifs en complément au tableau et à la craie sur lesquels (tableau et craie) nous reviendrons.  Pour les travaux pratiques (TP) de Physique dans notre université, les manipulations se font toutes à partir de matériel qui a été importé (Balances mécaniques simples, pesons, ressorts, dynamomètre, ampèremètre, voltmètre, chronomètre mécanique ou électronique, oscilloscope et d'autres appareils plus coûteux...). Et là nous nous permettons une première digression, si c'en est une: ce matériel qu'il faut rationnellement gérer, nécessite un service de maintenance compétent et équipé, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Par défaut de maintenance et en l'absence d'un service après vente de certains fournisseurs étrangers, un équipement lourd acquis durant de longues années et ayant englouti des moyens financiers importants, croule (et s'écroule) dans certains labos et dépôts de l'université; Des appareils coûteux sont restés sous cellophane pendant des années. Il nous paraît alors nécessaire de faire un petit ménage. Les erreurs ou les insuffisances d'un passé, proche ou lointain, doivent être corrigées. Le problème de la maintenance pourrait trouver une solution avec un partenariat national inter-universitaire et l'intervention des élèves ingénieurs ou de techniciens en formation, dans le cadre de mémoires de fin de cursus. L'université algérienne bénéficiera ainsi et en priorité de l'apport de ses propres étudiants qui verseraient ensuite dans le secteur des services, car on dit bien «charité bien ordonnée commence par soi-même». De plus, la maintenance ne coûtera pas un rond à l'université sachant que les mémoires ne sont pas rémunérés.  L'apport des TIC en TP de Physique peut commencer par l'introduction de didacticiels interactifs. Il faudrait pour cela des «boîtes» en nombre suffisant qu'on appelle PC et qu'on importe, comme nous avions importé d'autres boîtes telles l'oscilloscope (un appareil qui permet de visualiser en outre les variations temporelles de certaines grandeurs électriques) et que l'étudiant est censé savoir utiliser tout en comprenant le principe de son fonctionnement. Et puis un «micro», contrairement à «l'oscillo» est à usage multiple. De plus, nous pouvons maintenant et depuis une date récente utiliser notre PC comme oscilloscope numérique et ceci à l'aide d'un simple logiciel auquel en adjoint des accessoires peu coûteux. En quelques clics, nous réalisons alors nos mesures.  Nous avons évoqué plus haut les didacticiels interactifs pour les séances de travaux pratiques. Ces didacticiels sont basés sur la simulation, une sorte de jeu. Nous remarquons que la simulation 7 a été utilisée dans un grand nombre de secteurs: aéronautique, industrie automobile, armement et défense, marketing, écologie, urbanisme, astrophysique, biologie, recherche opérationnelle....). Elle est maintenant utilisée dans les systèmes éducatifs de manière générale et en Sciences Physiques en particulier; La simulation qui a ses limites, n'est qu'une approche d'étude basée sur des modèles mais nous fournit quand même les comportements et les éventuelles évolutions d'un système. Si la simulation ne reflète pas les phénomènes réels, elle dégage les tendances générales d'un processus physique, car si la Physique s'appuie sur l'expérience, elle constitue toutefois une discipline se basant sur des théories et des modèles qui relèvent de concepts prédéfinis et de postulats.  La simulation une expérimentation sur modèle, structure entre autres les connaissances théoriques de l'apprenant, car souvent l'enseignement de la physique, ce sont des points théoriques qui semblent rébarbatifs à l'étudiant, parce que mal assimilés, et qui le bloquent lors d'une manipulation classique de TP. La simulation permet donc l'assimilation. Ceci dit (ou écrit), les activités expérimentales traditionnelles ne peuvent pas être exclues dans les méthodes d'apprentissage, mais encore faudrait-il ne pas être trop confronté à certains aléas tels un appareil défectueux, un mauvais contact, une mauvaise soudure de fils électriques, l'absence d'eau des robinets, un retard de livraison de produits consommables, le défaut de maintenance ou d'étalonnage des appareils, puisque ce genre d'imprévus détourne des objectifs visés. D'autre part, nous avons été agréablement surpris de constater que certains étudiants de première année, puisent des informations à partir d'Internet sur des manipulations de Physique qui ont lieu aussi bien en Europe qu'en Algérie, à la différence près que le matériel chez nous est parfois inexploitable. Les étudiants qui ont la chance d'avoir un PC à domicile, utilisent également le traitement de texte pour leurs divers comptes rendus et des cédérom pour l'approfondissement des cours. Cet acte prouve l'attrait des jeunes pour le numérique (qui s'avère commode dans la recherche documentaire) et explique l'insuffisance ou la cherté des ouvrages spécialisés dans nos librairies.  L'intégration des TICE en sciences exactes permet donc d'utiliser l'ordinateur et tant que puissant outil de calcul. La vision interactive de molécules en trois dimensions, les réalisations immédiates de courbes traduisant des équations mathématiques complexes, la prévision du comportement d'un circuit électronique, la réalisation de la mesure de la gravité en divers points de la planète (tout en étant sur place), l'étude de différents équilibres et mouvements mécaniques et la visualisation des phénomènes optiques constituent quelques exemples de l'apport des TICE. D'autre part l'interactivité agréable et généralement motivante, en utilisant les TICE, permet sur le plan didactique les approches heuristiques (qui aident, scientifiquement à la découverte des faits 3) en complément aux méthodes algorithmiques (où le résultat est obtenu par une suite nécessaire et finie d'opérations enchaînées 3). De plus, l'intégration des TIC dans les systèmes de formation s'avère être en concordance avec les courants et paradigmes psychopédagogiques modernes même si ceux-ci sont antérieurs à l'apparition des TICE.  Pourquoi encore les TICE dans toutes les disciplines? Parce qu'il y a une forte pression sociale, puisque les étudiants savent que la maîtrise de l'utilisation de l'outil informatique leur permet de trouver plus facilement un emploi, dans le secteur tertiaire pris comme exemple. L'investissement rentable, les coûts faibles (2,4,8), le travail en temps réel, la souplesse des échanges et l'énorme bibliothèque à travers les moteurs de recherche constituent autant d'éléments qui plaident en faveur d'effort à fournir pour intégrer ces outils dans nos systèmes de formation. Et les systèmes de formation ont basculé à travers le monde, avec l'apport des TIC et la globalisation. L'apprentissage qui était centré sur l'enseignant (avec un enseignement souvent à sens unique, un cours magistral et «le Prof qui sait tout») est orienté maintenant vers les ressources qui ont pour objectif de faire de l'apprenant un entreprenant et non pas un assisté. «On ne peut- rien enseigner à autrui. On ne peut que l'aider à le découvrir lui-même» disait Galilée.  Dans le cadre de notre enseignement traditionnel et les conditions dans lesquelles il se fait, l'enseignant se trouve en tain de tout gérer (et tout digérer) sauf l'aspect pédagogique qui est à la traîne. Avec les TIC, la formation dispensée à un groupe cède sa place à une formation respectant le rythme individuel et c'est dans ce sens que le LMD et la notion de tutorat ont été conçus. De plus les environnements, hier isolés interagissent aujourd'hui à travers les réseaux et les perspectives qui étaient nationales deviennent mondiales avec l'effacement des frontières.  D'autre part, ce texte qui a nécessité un regard interdisciplinaire, concept largement répandu et mis en pratique depuis la décennie 80, a été réalisé sur la base d'une documentation provenant pour une grande part du support numérisé. A propos de l'interdisciplinarité (une autre digression qui mérite des développements dans un autre cadre), nous noterons simplement qu'elle a donné aussi,, naissance à de nombreuses disciplines combinées. Nous pensons également à une oeuvre «lumineuse»d'Edgar Morin où il mentionne dans un passage: «Il s'agit de remplacer une pensée qui sépare et qui réduit par une pensée qui distingue et qui relie. Il ne s'agit pas d'abandonner la connaissance des parties pour la connaissance des totalités..., il faut les conjuguer». Et puis, l'élaboration de toute interface pour une discipline donnée, nécessite en principe la collaboration des informaticiens.  Concernant les TIC, il est évident qu'elles constituent un levier important pour le développement économique de l'Algérie. Les différentes stratégies adoptées tentent d'éviter la fracture numérique, pour bien se positionnier alors, face aux pays émergents. Par conséquent, une redynamisation des actions et des politiques mises en jeu est nécessaire. Dresser un état exhaustif, des lieux, bien enclencher les processus qui n'ont pas encore débuté et accélérer ceux qui accusent un retard, sont des actions à réaliser d'autant plus que l'Algérie se trouve dans une conjoncture favorable, due notamment aux revenus des hydrocarbures.  Les TIC, outil de travail et source de croissance aux enjeux déterminants et multiples devraient permettre à tous le sortir du sous développement. L'Algérie qui doit emprunter résolument les autoroutes de l'information, saura-t-elle bien embrayer sur ce troisième millénaire? Autrement, si nous calons, nos enfants risquent d'être les expulsés du Futur. D'autre part,les difficultés sont aussi liées à la formation à la maîtrise du Savoir, car beaucoup s'accordent à dire que le premier investissement pour assurer un développement durable c'est bel et bien l'homme qui est peut être l'élément sur la touche ou à la périphérie de la stratégie d'intégration des TIC.  Notre intervention, avait donc pour but de mettre en exergue l'apport des TIC dans les systèmes de formation et leur lien intime avec le LMD au cas de l'université. Nous estimons que l'introduction du LMD va de pair avec l'intégration progressive mais résolue des TIC.  Nous pensons aussi avoir rappelé l'importance de la didactique de la Physique et en filigrane celle de toutes les disciplines. Si le rôle de l'université algérienne est d'abord de former (sans étudiants, l'université n'a aucune raison d'être) nous devons donc accorder un intérêt spécifique à la didactique, à son enseignement et aux activités de recherche qui s'y rapportent. Ces démarches qui nécessitent un travail multidsciplinaire valoriseront aucun doute la synergie des compétences et des capacités nationales. Pour clore ce texte que nous espérons «pédagogique» et digeste, revenons à son titre premier. Alors pour une univeristé sans tableau vert ou noir et sans craie blanche, tous les deux rugueux? Mille fois oui, mais...avec ces «fameux» tableaux blancs et des stylos à feutre verts ou noirs. Ainsi nous n'aurons plus de poussière de craie, les allergiques souffriront moins et les agents d'entretien de la fac ne chômeront certainement pas car ils ont d'autres tâches qui les attendent. Nous pensons que nous n'avons pas trop rêvé en rédigeant ce texte. Et même si c'est le cas, nous souhaitons que ceux qui se sentent concernés (ils devraient être nombreux) rêvent un tout petit peu avec nous, puisqu'il est dit que «rêver tout seul n'est qu'un rêve, mais rêver ensemble est le début de la réalité». Références: 1- Dalila Brahmi Berass :- Communication à la conférence internationale Maghtech (Alger, décembre 2004). Les TIC au Maghreb- état de slieux et perspectives - Les formidables perspectives des NTIC in El Watan du mardi 18 mai 2004 - Du fixe au portable, Allo in El Watan du mardi 29 juin 2004 - Site Internet: www.dzblog.com (blog bdtic.com) 2- Actes de la conférence Maghtech 2004: Gouvernance locale et économique de la connaissance au Maghreb (sou la direction de Abdelkader Djeflat ) Edition Dar El Adib 2005 3- Encyclopédie numérisée Microsoft Encarta 2006 4- Samia Mihoub Dramé: Interne dans le monde arabe Ed L'harmattan décembre 2005 5- Michel Kalika; Le e-manegement (l'impact des TIC sur la performance, la stratégie et les compétences) éditions liaisons 2003 6- Edgar Morin: les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur UNESCO 1999 et éditions du seuil 2000 - Edgar Morin introduction à la pensée complexe SF éditeur 1994 7- Joël de Rosnay le MAcroscope vers une vision globale edition du seuil 1975 8- Piloter le changement avec les cybertechnologies ouvrage collectif sous la direction de Mélissa Saadoun edition hermes sciences lavoisier 2003 9- Charles Susskind: pour comprendre la technologie: Editions nouveaux Horizons 1981 10- In El Watan du 29 janvier 2007 11- In le Quotidien d'Oran du 27 janvier 2007 12- In Le Quotidien d'Oran du 10 février 2007


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