Plus de 60% de la consommation finale est perdue

Certains experts estiment que sur cette part, environ «60% à 80% de l’énergie est perdue», majoritairement à travers les toits, les murs ou les sols. Isolation thermique, chauffe-eau solaire, lampe à basse tension sont autant de postes de consommation qui peuvent être source d’économie d’énergie à condition d’y mettre le prix. A titre d’exemple, il faut compter parfois jusqu’à dix fois le prix entre une lampe ordinaire achetée à 35 DA et une lampe à basse consommation qui peut dépasser les 400 DA. En matière d’isolation thermique des constructions, le problème se pose également d’un point de vue des coûts, surtout pour les opérateurs du secteur du bâtiment. Réaliser des bâtiments avec une isolation thermique convenable permettant d’éviter les déperditions d’énergie entraînerait «un renchérissement des prix du logement de l’ordre de 30%», estime Djamel Mezine, entrepreneur. Pas autant que ça, estiment certains experts. Abderrahmane Zidane, architecte et auteur d’une étude sur l’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment, pense qu’une «bonne et efficace isolation thermique n’implique qu’un surcoût de 10-15%». L’Etat, principal promoteur immobilier avec des objectifs de 200 000 logements réalisés par an, est le premier interpellé. Une étude réalisée en 2011 sur le parc immobilier neuf a démontré que seulement «2% des édifices sont partiellement isolés», nous avait indiqué précédemment un chercheur au niveau de l’unité de développement des équipements solaires (Bou Ismaïl). Un contraste, car pendant ce temps «la consommation énergétique du bâti augmente chaque année de 10-12 %», selon M. Zidane. Mais l’Etat a jusque-là été pris par «l’urgence de combler les déficits dans tous les domaines du bâtiment», précise notre interlocuteur. Certains opérateurs privés considèrent que vu l’effort important de l’Etat dans le secteur, c’est à lui de «donner les recommandations et introduire ces exigences d’efficacité énergétique» dans les cahiers de charges et le code des marchés publics, souligne M. Mezine. Le promoteur privé, quant à lui, son premier souci est «de réduire les coûts pour vendre», dit-il.  Cela en sachant qu’il n’existe pas véritablement d’industrie capable de fournir les matériaux nécessaires à l’isolation et qu’en la matière il faille compter davantage sur les importations. Surcoût On estime cependant que des mesures simples à prendre dans le cadre du prochain programme public de logement peuvent faire la différence. «Une bonne conception architecturale, avec un surcoût qui ne dépasse pas 10-15% de l´enveloppe des projets permettra d’économiser 40% de la consommation énergétique, soit l’équivalent de 4 à 5 milliards de dollars, de quoi financer 60 000 à
80 000 créations d’emploi par an», explique M. Zidane. Une «orientation appropriée du bâti permettant de protéger les façades principales du soleil, un choix judicieux des éléments des façades et une isolation primaire des portes et fenêtres» sont quelques-unes des mesures à prendre.
La conception et l’étude des projets doit «tenir compte de ces paramètres primaires pour éviter une climatisation absolue aussi coûteuse en consommation d’énergie qu’en maintenance», estime l’expert. Rappelons que dans le cadre du programme triennal de l’efficacité énergétique 2011-2013, toujours en cours, il est prévu en matière d’isolation thermique la réalisation de 600 logements neufs et l’installation de plus de 1200 m2 de double vitrage sur des constructions existantes. Il est également prévu, selon l’APRUE, l’installation de 2000 chauffe-eau solaires et la substitution de 40 000 lampes à mercure avec des lampes à sodium haute pression et l’installation d’armoires d’éclairage public munies de variateur de tension.