Planète (France/Europe) - Incendies dans l'Aude: «Une chaleur à crever»... Récit d'une journée de désolation

2.000 HA PARTIS EN FUMÉE • Le violent incendie, toujours en cours, a ravagé plus de 2.000 hectares près de Narbonne dans l’Aude: «C’est un paysage lunaire, il n’y a plus rien. Il ne reste que l’odeur de brûlé, partout»

- L'essentiel

. Un violent incendie a ravagé plus de 2.000 hectares près de Narbonne dans l’Aude: «C’est un paysage lunaire, il n’y a plus rien. Il ne reste que l’odeur de brûlé, partout».

. Les pompiers luttent intensément contre le feu qui n’est toujours pas maîtrisé, dans des conditions difficiles de chaleur et de vent: «Ces gars-là sont formidables, de vrais champions. Il faut insister dessus, parce qu’ils se donnent à fond».

. Les habitants évacués décrivent une situation apocalyptique et angoissante: «Avec l’odeur et cette chaleur, on a l’impression d’avoir la tête dans un barbecue».

«C’est un paysage lunaire, il n’y a plus rien. Il ne reste que l’odeur de brûlé, partout». Touchée par le plus violent incendie de l’année en France, la vie s’est arrêtée à Bages, au sud de Narbonne. Philippe Rancoule, un habitant, constate le désastre sous ses yeux, dans un silence assourdissant. «On n’entend plus rien. Même les cigales ne chantent plus».

Le feu est parti, lundi, depuis un domaine viticole situé dans la sous-préfecture de l’Aude, en bordure d’autoroute. Les autorités soupçonnent qu’un mégot jeté d’une fenêtre puisse en être à l’origine, encore sans certitude. Il était environ 15 heures quand les premières flammes se sont élevées. Une heure plus tard, 200 hectares avaient déjà été dévorés.

- «Sans eux, on était les prochains à brûler»

«Dès 16 heures, les pompiers sont arrivés au domicile de mes parents. Quand on vous dit demande de partir immédiatement avec vos animaux parce que vous êtes en grand danger, vous imaginez ce qu’on peut ressentir à ce moment-là», explique Alex Jeanjean, dont la famille réside à Prat-de-Cest, au pied de Bages. «Les pompiers ont été hyperactifs. Ils ont fait un boulot incroyable. Heureusement, car on était les prochains à brûler. Le linge qui était étendu dehors est complètement troué sous l’effet de la chaleur et des braises qui volaient. Mais ils ont réussi à sauver la maison».

«Ces gars-là sont formidables, de vrais champions. Il faut insister dessus, parce qu’ils se donnent à fond», confirme Philippe Rancoule. Confiné dans sa maison, le maraîcher «a eu plus de chance que d’autres qui ont tout perdu». Notamment l’écurie du domaine équestre, un peu plus loin, qui a brûlé. Trois chevaux ont péri dans les flammes. «Cette nuit, je n’ai quasiment pas dormi, reprend-il. J’ai passé la nuit dehors. J’avais peur. Il faisait une chaleur à crever. Les flammes atteignaient 50 mètres de haut. C’était fou».

- «L’impression d’avoir la tête dans un barbecue»

La situation évolue favorablement, même si le feu n’est toujours pas fixé ce mardi à 19 heures. Mais toutes les mesures de confinement sont levées. «Pour l’instant, on est protégés. Mais si le vent tourne nord-est, on sera à notre tour en danger», scrute Marc, un habitant des Roches-Grises, un quartier de Narbonne. «Dans l’air, il flotte un voile de fumée blanche», relate-t-il.

L’incendie a parcouru plus de 2.000 hectares et connaît de multiples reprises. Avec les fortes rafales et le faible taux d’humidité, les sapeurs-pompiers anticipent une journée de mercredi encore difficile. «C’est tellement sec que le feu s’est propagé à toute vitesse», explique Alex Jeanjean. «Avec l’odeur et cette chaleur, on a l’impression d’avoir la tête dans un barbecue».

. Notre dossier sur les incendies (A voir sur site ci-dessous)

La situation devrait s’améliorer jeudi, avec l’arrivée du vent marin, plus humide. D’ici là, «1.050 pompiers luttent sur un front de 10 kilomètres de long, aux abords des zones résidentielles de Narbonne», précise la préfecture, à 17h30. «On a malheureusement souvent des incendies l’été. Mais d’une telle intensité, jamais», conclut Philippe Rancoule.

Photo: Les habitants évacués décrivent une situation apocalyptique et angoissante : « Avec l'odeur et cette chaleur, on a l'impression d'avoir la tête dans un barbecue » (illustration) - G. Papanikos/ZUMA/SIPA

Pour accéder au dossier sur les incendies: https://www.20minutes.fr/planete/4162669-20250708-incendies-aude-chaleur-crever-recit-journee-desolation

Jérôme Diesnis