Planète - Climat: Le monde sur une trajectoire de réchauffement catastrophique de 2,5 °C ce siècle

CATASTROPHES EN VUE • Deux jours avant la COP30 à Belem, l’ONU alerte que les engagements actuels des pays conduisent à un réchauffement de 2,3 °C à 2,5 °C au cours de ce siècle, très au-delà des objectifs de l’accord de Paris

A deux jours de l’arrivée des dirigeants mondiaux à Belem pour la COP30, le bilan est tombé. Les engagements des pays dirigent le monde vers un réchauffement très au-delà de ce que vise l’accord de Paris, alerte l’ONU, mardi. Le réchauffement est attendu entre 2,3 °C et 2,5 °C au cours de ce siècle, si les feuilles de routes climatiques des pays sont intégralement mises en œuvre, selon les calculs de l’ONU Environnement (PNUE).

Les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis par le président brésilien Lula jeudi et vendredi, seront confrontés à leur échec collectif à tenir, pour l’instant, les objectifs de l’accord de Paris. Le texte adopté par consensus mondial il y a dix ans vise à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale «bien en dessous» de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et d’essayer de la contenir à 1,5 °C. Or, cette limite sera quasi certainement franchie au cours des prochaines années.

- Forte augmentation des gaz à effet de serre en 2024

Le monde continue à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon, ce qui a conduit à une augmentation très forte ( 2,3 %) des émissions de gaz à effet de serre en 2024. Les principaux responsables, en valeur absolue, sont l’Inde et ses 1,46 milliard d’habitants, suivi par la Chine, la Russie et l’Indonésie. Les émissions de l’Union européenne ont continué à reculer, mais celles des Etats-Unis ne baissent plus (0,1 %).

La nouvelle fourchette de température publiée mardi montre une amélioration d’environ 0,3 °C par rapport à l’an dernier mais bénéficie aussi de changements méthodologiques (de l’ordre de 0,1 °C) et inclut les engagements américains formalisés sous Joe Biden, qui sont donc en réalité caducs (pour encore 0,1 °C).

- La trajectoire de Paris est loin d’être en vue

«L’ambition et l’action ne sont pas du tout aux niveaux nécessaires dans le monde et collectivement», explique Anne Olhoff, responsable scientifique du rapport. Ces nouvelles estimations se fondent sur les feuilles de route 2035 que les pays devaient publier avant la COP30 (10 au 21 novembre). Sur la seule base des politiques actuelles, le réchauffement irait jusqu’à 2,8°C, calcule l’ONU.

Dans un autre rapport publié la semaine dernière, l’ONU avait eu du mal à quantifier l’effet des plans climatiques nationaux, faute de données, estimant la baisse des émissions à -10 % dans la prochaine décennie par rapport à 2019, au lieu de 60 % nécessaires. Avec une conclusion identique: la trajectoire de Paris est loin d’être en vue. L’ONU parle désormais d’un scénario de dépassement «temporaire et minimal».

Photo: Les émissions de gaz à effet de serre ont fortement augmenté en 2024 ( 2,3%) principalement à cause de l'Inde, la Chine, la Russie, l'Indonésie, tandis que le monde continue à brûler toujours plus de combustibles fossiles (illustration). - R.Utrecht/SIPA

20 Minutes avec AFP