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Planète (Canada/Amérique du Nord) - Grand retour du pygargue à tête blanche: L’oiseau américain à la conquête du Québec


Planète (Canada/Amérique du Nord) - Grand retour du pygargue à tête blanche:  L’oiseau américain à la conquête du Québec
Symbole des États-Unis, le pygargue à tête blanche fait un retour spectaculaire dans le sud du Québec. Un ornithologue amateur suit presque quotidiennement un couple d’oiseaux ayant élu domicile à Saint-Armand, à quelques kilomètres de la frontière américaine. La Presse l’a rencontré.

C’est l’un des oiseaux les plus célèbres au monde, et pour cause: il est le symbole officiel des États-Unis depuis 1782. On trouve le pygargue à tête blanche sur le sceau officiel américain, des décorations militaires et même la monnaie américaine.

C’est aussi une espèce mythique pour les Premières Nations, qui a frôlé la disparition à la fin des années 1960 en Amérique du Nord. Mais des mesures strictes ont été adoptées au Canada et aux États-Unis pour assurer son rétablissement. Cinquante ans plus tard, elle n’a plus à craindre pour sa survie.

«La situation du pygargue, c’est vraiment une success story en matière de conservation», lance Jean-Sébastien Guénette, biologiste et directeur général du Regroupement Québec Oiseaux.

D’après les données du Relevé des oiseaux nicheurs, la population du pygargue a augmenté de 4600 % au Québec depuis 1970, souligne M. Guénette.

«Son rétablissement a été spectaculaire», confirme Marie-Hélène Hachey, biologiste et coauteure de l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec. L’interdiction du DDT, un puissant insecticide banni à partir des années 1970, a grandement contribué à la survie de l’espèce.

- Passion pygargue

Il est de moins en moins rare d’observer cet oiseau majestueux dans le sud du Québec, et ce n’est pas Robert Galbraith qui va s’en plaindre. Depuis maintenant un an, l’homme va épier plusieurs fois par semaine un couple de pygargues qui a élu domicile au refuge d’oiseaux du secteur de Philipsburg, à Saint-Armand. Leur histoire, c’est aussi un peu la sienne, après tout.

. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE: Robert Galbraith, ornithologue amateur (Voir photo sur site ci-dessous

Celui qui a eu une longue carrière comme journaliste et photographe est aussi un amoureux fou des oiseaux depuis son enfance.

«J’ai eu une vie difficile, nous raconte-t-il. Mon père est mort quand j’avais 3 ans. J’ai grandi dans la pauvreté à Paisley, en Écosse, où nous n’avions pas d’argent et pas grand-chose à manger. C’était une période vraiment terrible de ma vie, et la nature, que je pouvais regarder et sentir, me semblait la seule chose qui était normale. C’était comme si je me sentais en sécurité dans la nature, où je pouvais m’évader de mon quotidien.»

Robert Galbraith a 8 ans quand sa famille quitte l’Écosse pour s’installer en Ontario, un autre moment charnière dans sa jeune existence. «Des voisins m’invitaient à les accompagner dans la forêt pour observer les oiseaux. Ça a renforcé mon amour pour la nature, et je suppose que ça a pris la place de mon père, en quelque sorte», confesse-t-il.

Soixante ans plus tard, Robert Galbraith est animé de cette même passion pour la nature, alors qu’il accompagne les représentants de La Presse dans les sentiers du Sanctuaire George H. Montgomery, nommé ainsi en l’honneur de… son beau-père!

Cet avocat devenu juge est décédé en 1990. Il était également reconnu pour son engagement envers la préservation de la nature dans la baie Missisquoi.

. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE: Le sanctuaire George H. Montgomery, à Saint-Armand, est un lieu privilégié pour l’observation de plusieurs espèces d’oiseaux dont, depuis un an, le pygargue à tête blanche. (Voir photo sur site ci-dessous)

«C’est mon beau-frère, Sandy Montgomery, qui a découvert l’an dernier que des pygargues avaient établi leur nid dans ce refuge. Je crois bien que c’est la première fois qu’on trouve un nid de pygargues dans toute la région», raconte M. Galbraith.

- «Quel spectacle, n’est-ce pas?»

Robert Galbraith nous conduit d’abord sur la route 133, à moins de 5 kilomètres de la frontière avec les États-Unis. Au loin, on aperçoit le fameux nid où se trouve un pygargue, probablement la femelle en train de couver ses œufs. Le mâle est juché sur un autre arbre, tout près.

«Quel spectacle, n’est-ce pas?», s’émerveille-t-il.

. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE: Un nid de pygargue à tête blanche peut mesurer jusqu’à 4 mètres de hauteur et 2,5 mètres de largeur, et peser une tonne. (Voir photo sur site ci-dessous)

«Mais on va pouvoir s’approcher un peu plus, ajoute-t-il. Martin [Chamberland, photographe à La Presse] est ici pour prendre des photos, on va l’aider un peu!»

Le pygargue à tête blanche possède une excellente vision, rappelle Robert Galbraith. Un sentier qui mène à une cabane d’observation est caché par les arbres, mais une fois arrivé, il faudra faire vite: le mâle risque de détecter notre présence.

Juste à la sortie du sentier, notre collègue réussit à prendre plusieurs photos du mâle qui est bien en vue, tandis que la femelle protège le nid. Robert nous propose alors de monter en silence au deuxième étage du poste d’observation et de tenter notre chance pour prendre de nouvelles images.

«Je vais ouvrir le panneau [une fenêtre d’observation], mais il faut que tu sois prêt, il risque de s’apercevoir de notre présence», lance-t-il à notre collègue.

Il suffit de quelques secondes avant que le pygargue ne quitte sa branche et ne prenne son envol pour aller se poser quelques dizaines de mètres plus loin.

Notre collègue fait cependant signe qu’il a réussi son coup: des photos en plein vol d’un pygargue à tête blanche viennent de s’ajouter à son palmarès.

. PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE: Avec les conseils de M. Galbraith, notre photographe a réussi à croquer cet impressionnant cliché d’un pygargue en plein vol. (Voir photo sur site ci-dessous)

Même s’il côtoie ces oiseaux depuis maintenant un an, Robert Galbraith ne se lasse jamais du spectacle magnifique qu’ils offrent. Ils témoignent de son profond attachement à la culture des Premières Nations. «Ces aigles sont passés d’une quasi-extinction à une renaissance, ça ressemble un peu à mon histoire, je trouve.»

«Maintenant, toute la baie [Missisquoi] est infestée par des algues bleu-vert. Le lac [Champlain] est devenu un trou à rats. Mais nous avons les aigles dorénavant. Je ne veux pas perdre ça», affirme-t-il.

. Rectificatif: Dans une version précédente, nous indiquions que George H. Montgomery était décédé en 1951. Il est mort en 1990. Toutes nos excuses.

- LE PYGARGUE À TÊTE BLANCHE EN BREF

Il est facilement reconnaissable à son plumage brun et à sa tête blanche.

Les mâles sont plus petits que les femelles, dont la distance d’une extrémité d’une aile à l’autre peut aller jusqu’à 2,3 m.

On le trouve à peu près partout en Amérique du Nord, jusque dans le nord du Mexique.

Ils construisent leur nid généralement près d’un plan d’eau où ils peuvent se nourrir entre autres de poissons.

.Vidéo ajoutée par Akar Qacentina: Le plus grand nid d'oiseau du monde
https://www.youtube.com/watch?v=K9rNbhbeCoA

Photo: Pygargue à tête blanche, à Saint-Armand, dans le sud du Québec. MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Voir l'article dans son intégralité avec toutes les illustrations: https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2025-04-02/grand-retour-du-pygargue-a-tete-blanche/l-oiseau-americain-a-la-conquete-du-quebec.php

ÉRIC-PIERRE CHAMPAGNE / La Presse
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