Algérie

Planches-Hijrat Antigone



Apre, sobre et dépouillée Venant avec une pièce au titre aussi énigmatique pour ceux qui connaissent leurs classiques, Jihad Saâd, du théâtre national syrien, était très attendu aux 12e JTC. Son Emigration d?Antigone, allait-elle constituer un événement théâtral au même titre que Caligula, une performance de mise en scène qui avait ravi les festivaliers de la 10e session en 2001 ? Mais le public ne se trompait-il pas en espérant la réédition d?un exploit analogue sur deux pièces totalement différentes, l?une moderne et l?autre de théâtre antique ? Assurément. Ainsi, autant son Caligula était spectaculaire, autant Hijrat Antigone est sobre et dépouillée dans sa réalisation. Mais à côté de cette dissemblance, il y avait un fort trait commun : Jihad Saâd demeure chevillé au traitement de la question de la tyrannie du pouvoir avec cette fois un peu plus de culot en la circonscrivant dans une géographie plus proche de la réalité arabe. En effet, sa scénographie use de deux éléments « identitaires », sans nulle équivoque. Ainsi, le plancher de la scène est couvert de sable sur lequel évoluent les personnages, s?y coltinant durant toute la représentation au point qu?il acquiert une fonction dramaturgique non négligeable. Le deuxième élément est un croissant lunaire qui, de jour comme de nuit, en intérieur ou extérieur demeure présent. Croissant fertile ou symbole d?une arabo-islamité ? Peu importe, puisque c?est du pareil au même. Il ne manquait qu?aux costumes d?être totalement arabes pour boucler la boucle. Au demeurant, le mystérieux titre de la pièce trouve là son explication, dans ce déplacement du temps et de l?espace. L??uvre de Sophocle n?est-elle pas universelle au point d?être la pièce la plus montée de par le monde ? Dans sa reprise, Jihad a commis quelques légitimes infidélités envers le dramaturge grec. D?une part, il a fait de Hamon et de Polynèse des personnages aussi centraux que Antigone et Créon, relevant ainsi au même niveau l?opposition Pouvoir/Liberté (Créon/Antigone), celle de l?inégalité dans le pouvoir des sentiments (Antigone/Hamon) et celui du pouvoir parental (Créon/Hamon). Ce faisant, ce recentrage et la violence physique ajoutée à celle plutôt verbale du texte d?origine collent parfaitement à la réalité arabe minée par les autoritarismes et les contradictions de toutes sortes. La seconde infidélité réside dans le dépouillement du texte primitif d?une bonne partie de sa substance, ce qui révèle le souci du metteur en scène de faire passer une pièce « bavarde » auprès d?un public d?aujourd?hui moins enclin à l?écoute. Cependant, l?allégement effectué a quelque peu réduit le spectacle à une durée trop minimale. Il n?empêche malgré le mérite du travail de Jihad que l?on soit demeuré sur sa faim. Ainsi, l?on peut regretter que l?intensité du jeu des comédiens n?ait pas atteint les niveaux de performances auxquels ils nous avaient donné toute la quintessence dans Caligula, un jeu qui aurait pu être plus intériorisé et qui aurait pu déboucher sur une composition plus fouillée des personnages.





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