Peut-on devenir ministre à 27 ans en 2007 ?

Vieux, Bouteflika a fini par le redécouvrir des dizaines d'annéesaprès avoir été ministre du secteur: l'Algérie a un problème avec sa jeunesse.Du coup, tout le monde le découvre après lui: il faut sauver les jeunes, lesemployer, les retenir, les faire sourire et leur permettre de posséder 70% dupays puisqu'ils sont 70% de la population.Tout le monde parle, aujourd'hui, de la jeunesse, durant lacampagne, autour, dedans ou dehors. L'eau chaude est là et ceux qui lachauffent aussi. Pourquoi les jeunes sont-ils plus attirés par une chaloupe quepar leur pays? Pourquoi aiment-ils plus la mer que leur terre? Pourquoi nesont-ils pas heureux? Une première réponse: parce qu'ils n'existent pas justement.Certains Algériens perspicaces ont fini par remarquer que le problème desjeunes Algériens est qu'ils ne sont pas jeunes justement. Ils sont généralementconservateurs, coincés, mous, statiques, avachis, souvent malades, renfermés,tremblant des membres et fortement attirés par les bancs et les placespubliques. Au contraire de certains vieux qui les dirigent et qui sontdynamiques, dépensent plus d'argent, sortent le soir, dorment tard, possèdentde belles voitures, des copines dans les secrétariats des institutions del'Etat, s'habillent mieux, écoutent des chansons et en produisent à chaqueélection ou commémoration et voyagent beaucoup.Chez nous, en effet, contrairement aux jeunes qui sonttentés par les repentirs stricts et les wahabismes vestimentaires, les Vieux auPouvoir sont imprudents, impudents, incontrôlables, violents, cédant souvent aupugilat même entre élus, salaces, cascadeurs, peu conséquents, émotifs etparfois même très libidineux. Les jeunes sont frappés par la vieillesse trèstôt et les vieux redeviennent jeunes dès qu'ils ont un morceau de pouvoir dansle cadre du Pouvoir. D'où l'impossibilité de sauver la jeunesse en Algérie: lesjeunes sont déjà très vieux et leurs dirigeants refusent de vieillirpaisiblement face à des couchers de soleil et des tisanes pensives.La terre est une mère, le pays est son ventre: les jeunesveulent en sortir absolument, les plus vieux ne veulent pas le quitter et yflottent, nourris au cordon. D'où le malentendu: Les vieux au Pouvoirn'arrivent justement pas à comprendre pourquoi des jeunes, à qui on offre unpays indépendant, une terre qui ne demande rien, des emplois qui ne demandent pasde travail, une histoire nationale qui a déjà eu une fin heureuse et desmartyrs qui n'exigent qu'une gerbe de fleurs, de temps à temps, veulentabsolument partir. Que s'est-il passé entre l'enthousiasme exemplaire de 1954et la réfection des trottoirs en 2007 ? «Justement rien» répondent certainesjeunes. Il y a blocage dans la succession. Les proprios étant encore vivants,il n'y a pas eu d'héritage dans l'histoire notariale du pays. Les vétérans deguerre sont devenus aussi éternels que leurs anciens compagnons devenusmartyrs.