Peuple en danger de mort ! Edito : les autres articles

La Syrie n'en finit plus de compter ses morts. A la cinquantaine de morts comptabilisés durant la journée et la nuit de vendredi, hier d'autres victimes ont été dénombrées, certaines d'entre elles fauchées à la mitrailleuse par l'armée de Bachar Al Assad. C'est dire l'ampleur de la répression qui s'abat sur le peuple syrien depuis mars dernier, soit plus de 3000 morts. L'histoire retiendra sans doute que la «dynastie» des Al Assad, père et fils, aura été des plus génocidaires du Monde arabe. Au point d'arracher de la Ligue arabe, ce qui n'arrive pas souvent dans cet aréopage d'autocrates, une condamnation ferme du meurtre de civils.
La réaction du maître de Damas ne s'est pas fait attendre puisque, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, il a reproché à la Ligue d'avoir pris pour argent comptant «les mensonges diffusés par certaines chaînes satellitaires arabes» au lieu de calmer les choses. Et c'est sans la moindre honte et sans aucune retenue que le régime Al Assad accuse la Ligue de «vouloir raviver les tensions» à la veille d'une rencontre avec les représentants de celle-ci, dépêchés à Damas afin de tenter une médiation entre le régime en place et l'opposition. Cette dernière, regroupée au sein du Conseil national syrien (CNS), a rejeté le principe de tout dialogue avec le régime de Damas. Tout comme elle a refusé, depuis sa mise en place, l'idée de toute intervention étrangère, contrairement à ce qui s'est passé en Libye.
Mais ces derniers temps, devant la répression sans bornes des manifestants et l'acharnement du régime à pourchasser les déserteurs de l'armée qui refusent de tirer sur la foule, des voix s'élèvent pour demander une protection étrangère de la population, cible de massacres au quotidien de la part de l'armée et des services de sécurité. En effet, vendredi dernier par exemple, les militants anti-Assad ont, ni plus ni moins, demandé la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, à l'instar de ce qui a été fait en Libye, afin de donner plus de latitude sur le terrain à cette «armée syrienne libre» formée de déserteurs qui sont, avec armes et bagages, dans le camp de l'opposition. Mais cela suffira-t-il pour entraîner les pays occidentaux dans le même sillage de ce qui a été fait en Libye '
Difficile d'affirmer que l'on pourrait assister, dans un futur proche, à une réédition du même scénario, tant d'une part les conditions géostratégiques sont particulières du fait de la proximité d'Israël du théâtre de telles opérations et surtout compte tenu, d'autre part, du risque d'évolution de la situation interne syrienne au profit des islamistes, comme on l'a vu en Tunisie après les élections du 23 octobre ou avec les propos peu rassurants sur le référent de la «charia» tenus par le président du CNT libyen lors de la proclamation de la victoire et de la fin du régime d'El Gueddafi. Un tel risque représenterait pour les Occidentaux une menace supplémentaire pour Israël, d'où pourrait dépendre le choix de répondre ou non à l'appel lancé vendredi dernier par les opposants anti-Assad.