Algérie - Revue de Presse

« Pétrodinars » et démocratie




Avec un niveau de production de pétrole avoisinant 1,5 million de barils par jour et une probabilité de 2 millions à la fin de la décennie en cours, l?Algérie s?installe dans une situation financière nouvelle, en rupture totale avec les décennies écoulées de disette. Déjà importantes depuis quelques années, ses rentrées en devises sont appelées à croître d?une manière considérable, au gré de la nouvelle donne pétrolière mondiale : celle-ci passe structurellement de l?abondance à la pénurie sous le double effet de l?accroissement de la demande internationale et des perturbations géopolitiques affectant les grandes régions productrices d?hydrocarbures. C?est une véritable « révolution » qui est appelée à s?installer au niveau de l?Etat algérien, dont le réflexe premier, jusque-là, était d?assurer, bon an mal an, seulement le minimum vital à la population. Démesurée jusqu?à la fin du siècle écoulé, la croissance de la population réduisait à néant les apports limités de l?Etat. La mauvaise gouvernance politique a fini par donner le coup de grâce. Forcément, l?Algérie s?est vu reléguée dans le dernier lot des nations en retard en matière de développement humain avec son cortège de déstabilisation sociale et politique. La paupérisation et le désespoir des populations ont de tout temps fait le lit des révoltes populaires, certaines secouant le pays de manière inouïe comme en octobre 1988. A l?avenir, les périls seront-ils solubles dans le pétrole ? En d?autres termes, les « pétrodinars » créeront-ils les conditions de sortie du sous-développement et de stabilité sociale ? L?annonce par le président de la République de l?affectation quinquennale de 50 milliards de dollars en « soutien à la croissance » laisse à penser que le train est sur les rails. Mais les experts avertissent contre le risque d?utilisation de cet argent spécialement pour l?achat de la « paix sociale », à l?image de l?opération dite « antipénurie » mise en route par Chadli Bendjedid au début des années 1980. Ils redoutent également que l?Etat ne soit incapable, par manque de volonté politique, de se « révolutionner » lui-même pour pouvoir faire face efficacement à la situation. Mais leur grande hantise, partagée également par l?opposition, est que le pouvoir politique décide de rester « seul » dans la course, n?ouvrant pas suffisamment le champ politique pour que les différents acteurs puissent s?impliquer et dire leur mot. Seul un climat démocratique est à même d?assurer l?émergence de ce précieux consensus politique et social qui permette à l?argent du pétrole d?aller réellement là où il doit aller.





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