Algérie - A la une


Pauvre culture !
La première remarque que nous aurons relevée à la lecture des programmes électoraux -quand programme il y a- et dans les différentes déclarations des candidats à la présidence, c'est bien la place qu'occupe la culture, pour la simple raison qu'elle n'en a pas. On lui a bien consacré, pour certains, un espace. Mais il est plutôt réduit et systématiquement placé en fin de programme, avec l'environnement, qui, lui, bénéficie d'encore moins d'attention. On entend que la culture n'est pas un sujet rassembleur, qu'on ne peut pas gagner des électeurs en parlant de cinéma, lecture, musique ou patrimoine. Il est vrai qu'on n'a jamais vu des gens, pas même les étudiants, les artistes et les hommes de culture, sortir manifester dans la rue pour l'ouverture, ou contre la fermeture, d'un cinéma ou d'une librairie. Il est vrai qu'un politique discourant d'arts sur une tribune face à des milliers d'électeurs passerait, au mieux, pour un candide original, au pire, pour un irresponsable inconscient des défis de l'heure, de la lourdeur de la tâche et de la gravité du moment. Pour autant, est-ce une raison de marginaliser, voire exclure complètement, la culture ' Les prétendants à la charge suprême, la présidence d'un pays, la gouvernance d'un peuple et la conduite d'une société, devraient connaître l'importance de la culture, savoir les apports de sa socialisation et, à ce titre, lui accorder l'intérêt qui lui est dû. On n'attend pas des tribuns qu'ils «se grillent» aux yeux de l'électorat ni qu'ils flambent leurs chances ou celles de leur candidat d'engranger des voix, et on ne le leur demanderait pas. Mais ils peuvent, ils doivent, tout de même savoir qu'ils ont la responsabilité de faire ?uvre de pédagogie et d'éducation en donnant à la culture la place qu'elle mérite dans leurs programmes. Et si ce n'est la première, pas la dernière. Elle souffre déjà suffisamment dans la réalité en étant toujours cette 5e roue du carrosse. La responsabilité deviendra mission et charge si le candidat est élu, car il sera dès lors la planche de salut des arts et l'exemple, le maître-étalon, pour tous. Un président visitant, sans trop de protocole, une exposition, entrant dans un cinéma, sortant d'une librairie chargé de livres, assistant à une représentation théâtrale, un ballet ou un concert, est une image -que nous n'avons pas encore vue- qui a un poids certain et une portée avérée chez les citoyens. En plus de réduire la distance, que confère la fonction, entre le président et son peuple, en le rendant plus «humain», plus accessible, cette image contribuera également à la promotion de la culture, donc à sa socialisation. On a déjà vu l'impact de ces «sorties» présidentielles dans d'autres pays dont les peuples ne sont pas meilleurs que le peuple algérien ni plus intelligents ou mieux organisés, mais tout juste bien gouvernés et encadrés. La campagne électorale tire à sa fin. Les candidats ne peuvent plus changer grand-chose. Dans une semaine, les électeurs voteront, et leur choix ne se fera certainement pas sur la base de la meilleure place et du plus grand intérêt qu'aura accordé le programme ou le candidat à la culture. C'est justement de ça qu'on parle, en espérant que ça change. C'est la raison d'être de cette chronique.H. G.


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