Algérie - Revue de Presse

Passeur, un nouveau métier qui rapporte gros



300 millions en une année, c’est alléchant ! Jamais le phénomène de l’émigration clandestine n’a pris des proportions aussi alarmantes que cette année. En effet, des traversées sont signalées quotidiennement à partir des côtes de l’Ouest et particulièrement des côtes oranaises. Les candidats à l’émigration sont de plus en plus nombreux, la malvie aidant, ils sont prêts à dépenser jusqu’à leur dernier sou pour pouvoir effectuer le voyage vers l’utopique Eldorado européen. Cet argent et le désespoir de ces jeunes, de plus en plus nombreux, ne manquent pas d’attirer la convoitise d’individus sans scrupules qui voient dans cette situation une occasion de tirer profit.Il s’agit des passeurs, des personnes qui connaissent bien la mer, généralement des pêcheurs, mais aussi d’anciens candidats à l’émigration clandestine qui ont fini par apprendre par cœur le trajet et se sont reconvertis à cette activité. Mohamed est l’un d’entre eux, un pêcheur qui s’est trouvé une nouvelle vocation qui lui rapporte gros. «En une année je me suis fait 300 millions de centimes tout bénéf», confiera-t-il et d’ajouter «qu’il a récolté en une seule traversée 110 millions de centimes, c’est ce qui l’a incité à quitter le métier de pêcheur pour celui de passeur». Habitant la corniche oranaise, il est connu pour être un parfait connaisseur de la mer et des moyens nécessaires pour une traversée. Mohamed a assuré, la première fois, la traversée pour des jeunes de son quartier. Sollicité par ces derniers, il s’est occupé de leur acheter une embarcation, un moteur, un GPRS et du fioul. «Les jeunes que j’ai emmenés sont arrivés à bon port, c’est ce qui m’a valu une réputation en or. Certes, mon travail est illégal, mais il faut prendre les choses du bon côté, car moi, je sauve des vies de la mort. Tous les jeunes qui ont pris la mer sans être accompagné par un bon guide ont péri. Les dangers de la mer ne peuvent être connus que par un homme de la mer». Mohamed ajoutera qu’il y a de plus en plus de passeurs sur la place d’Oran, au niveau des ports de pêche et de plaisance. Il ne s’agit pas uniquement de pêcheurs, mais aussi de candidats à l’émigration clandestine ayant effectué à plusieurs reprises la traversée. Il soulignera que depuis quelques temps, les «Rais» des chalutiers, alléchés par le gain facile se sont inscrits comme de sérieux concurrents aux passeurs. A bord d’un chalutier la traversée est certainement plus aisée, l’arrivée est garantie, mais le coût est exorbitant. Notre interlocuteur affirmera que le coût de la traversée en chalutier varie entre 15 et 18 millions de centimes. D’autre part, il précisera qu’un chalutier peut embarquer, en une seule fois, 15 à 20 candidats à l’émigration clandestine. Ces derniers peuvent se faire passer pour des membres de l’équipage en cas de contrôle. Tout les moyens sont bons pour arriver à bon port et pour se faire de l’argent! Hafida B.
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