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Oran : hôtel château neuf, une histoire sans fin…..



Qu’on vient par mer ou par terre, il y a un monument qui ne peut échapper au regard du visiteur de la ville d’Oran. C’est un monument tellement imposant que nul ne peut ignorer. C’est un monument historique de la ville d’Oran, et pourtant il ne date que de trois décennies, seulement. Vous l’avez sans doute reconnue, même s’il n’est pas le seul de sa catégorie, eh bien oui ! ce n’est ni plus ni moins que le monumental « hôtel Châteauneuf ».Son ossature gigantesque, faite de béton, blanchi par le soleil, le Châteauneuf a su s’imposé comme la plus hideuse carcasse de l’histoire d’El Bahia. Depuis les années quatre vingt du siècle passé et jusqu’au jour d’aujourd’hui des pages d’histoire se sont écrites avec plein de rebondissement, dignes des scénarios hitchcockiens.

Tout a commencé au milieu des années quatre-vingts, quand vint à l’esprit des responsables locaux, l’idée de doter la capitale de l’Ouest d’un complexe hôtelier à la mesure de ses ambitions. A cette époque une assiette de terrain s’imposa d’elle-même, située au-dessus de la promenade de l’Etang et qui était considérée par ces responsables comme l’endroit rêvé pour ériger une tour abritant un hôtel cinq étoiles. En principe, toutes les procédures réglementaires étaient réglées et le projet devait démarrer en 1986. La construction composée d’une tour de 18 étages et de plusieurs structures d’accompagnement, accoudée au palais du Bey, un édifice classé monument historique, vit le jour. Jusque là, c’est parfait me diriez-vous, oui mais non, car les entraves venaient de faire surface. Le terrain qui sert d’assiette à la bâtisse déjà construite est déclaré « non constructible », et la circonscription d’archéologie, gardienne authentique du temple, opposa un veto à l’exécution d’une voie d’accès au site par la place du 1er Novembre ou de l’esplanade qui jouxte le théâtre de verdure. Elle réclama même la destruction des parties construites sur un terrain qui regorge de catacombes et de galeries datant de l’époque ottomane. Durant les années quatre vingt dix, énormément de temps fut perdu dans une guéguerre qui a fait rage entre la circonscription d’archéologie et l’entreprise de gestion touristique de Sidi Fredj (EGT), maître de l’ouvrage du projet.
Après cet épisode de guerre ne se soldant par aucune victoire, d’autres épisodes suivirent dans la vie de l’édifice grandiose outrageant la belle histoire urbanistique et architecturale de la ville d’Oran. Au début les responsables de l’époque cherchèrent à fourguer la bête à qui voulait bien le prendre, en commençant par le groupe « Falmenco » qui réussi à séduire les responsables du secteur du tourisme et manifestait un intérêt pour la reprise du projet. Mais usant de tricherie et de faux et usage de faux et une fois démasqué, l’édifice, gris et déplaisant, était retombé dans l’oubli. Ensuite fut le groupe Mehri qui voulu venir à la rescousse. Cependant, une fois mis au courant de la bataille juridique autour de la propriété du terrain qui faisait toujours rage entre l’EGT Sidi Fredj et la circonscription d’archéologie, il a préféré faire marche arrière. Une autre tentative de reprise du projet, qui fut vaine, est celle de Sonatrach, lancée en pleins préparatifs de la conférence de l’OPEP en décembre 2008, avait annoncé sa volonté de reprendre l’édifice pour y installer un hôtel de classe internationale et un palais des conventions. L’idée était belle, trop belle même pour être vrai. Ce fût un échec de plus pour les responsables locaux qui avaient hérités de cet enfant illégitime dont personne n’en voulait car trop encombrant. Depuis, toutes les tentatives d’intéresser des repreneurs se sont soldées par un échec.
D’autres responsables locaux, braves et courageux, comme tous responsables qui se respectent, décidèrent alors d’adopter le petit. Il fut proclamé haut et fort et à qui veut l’entendre que la carcasse jadis hideuse ne le sera plus car elle sera le futur siège de l’APC d’Oran. Un futur siège dans le futur, vu qu’au jour d’aujourd’hui la carcasse est toujours là, agressant le paysage urbain d’el Bahia et le regard du visiteur d’Oran, de passage par la place du 1er Novembre ou par le Front de mer. En effet, une première tentative fut lancée avec le bureau d'étude portugais Saraivae Associados, retenu pour le réaménagement avec la participation de «Dar El Handassa». La structure devait donc abriter le futur siège de l'APC d'Oran. «Avec sa double paroi en verre et son système de récupération des eaux pluviales, l'immeuble répondra aux normes HQE (Haute Qualité Environnementale), c'est-à-dire qu'il sera conçu pour consommer le moins d'énergie possible», avec une réappropriation de l'ensemble de l'espace extérieur du site abritant le Palais. Celui-ci étant classé monument historique, les murs d'enceinte ne peuvent pas subir de modification, d'où l'idée d'un ascenseur panoramique externe relié à une passerelle conduisant directement à l'entrée de l'immeuble. En plus, une partie de cet édifice sera recouverte d'une céramique de couleur à dominante ocre, «une sorte de réplique visuelle du mont Murdjadjo». La suite logique était de finaliser l’étude et lancer enfin les travaux après avoir retenu une entreprise qualifiée pour ce genre de mission. Bien que le président de la république ait promis de débloquer une enveloppe de 100 milliards de dinars pour ce site, les travaux n’ont jamais commencé sous prétexte que la commission nationale des marchés avait rejeté l'offre du bureau d'études étranger. A qui la faute ?......
Entre temps, les responsables locaux ont changé, scrutin communal oblige, ainsi que le wali, appelé à d’autres fonctions. La dite étude fut jetée aux oubliettes. Le fameux réaménagement devra attendre encore longtemps pour voir le jour. La commune d'Oran annonce par le biais d’un de ses responsables qu’elle va lancer un nouveau concours d'architecture « international » pour le choix d'un bureau d'études pour le réaménagement et la reconversion de la carcasse, se dressant au centre-ville d'Oran, en futur siège de l'APC d'Oran, après l'approbation de la Commission des marchés de la wilaya, à laquelle le dossier a été transmis. Une fois la procédure relancée à nouveau, le monumental « hôtel Châteauneuf » sera transformé en bâtiment administratif, majestueux, regroupant l'ensemble des services de la commune d'Oran.
Encore une affaire à suivre….

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