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Habiter ou passer : les spatialités individuelles et collectives dans le monde contemporain


Habiter, c’est la relation qu’entretiennent les individus et les groupes pour autant que l’on puisse les identifier et les localiser « assigner à résidence » avec l’espace géographique, autrement dit, habiter désigne la manière dont individus et groupes sociaux, plus ou moins étendus, se logent dans l’espace. « Avec » désigne la contrainte spatiale qui s’impose à toute vie sociale ; « dans » désigne les solutions plus ou moins durables qui y sont apportées.

De ce point de vue, habiter désigne, aux yeux des géographes, le processus de construction des individus et des sociétés par l’espace et de l’espace par l’individu, dans un rapport d’interaction qui est un rapport de production, donc un rapport de pouvoir médiatisé par des « groupes » sociaux désignant des positions matérielles mais aussi des positions dans l’ordre de la production de connaissance : l’inversion «représentation de l’espace / espace des représentations ».

Habiter se réfère aussi à une des fonctions essentielles de l’Humain : « être ». On peut établir qu’il existe une relation existentielle à l’espace ; un rapport dialectique entre les hommes et leur environnement qui comprend d’abord leur environnement social et les objets matériels qui le ponctuent.

Les individus et les groupes « sociaux », de quelque niveau, développent des pratiques spatiales mais aussi des représentations mentales qui sont la base de raisonnements pratiques , sachant que la raison n’est pas une cause.

Or les pratiques, c’est une hypothèse à vérifier, signalent un usage concret de l’espace à travers les déplacements, tandis que les représentations engendrent une réalité idéelle qui peut être décalée voire manipulée. C’est là que se produit la tension entre la mobilité nécessaire à la vie sociale et l’habiter qui la résout dans un « habitat » qu’il reste à définir.

Les deux produisent du territoire, c'est-à-dire un espace investi de sens et de valeurs, sachant que la part de la réalité, plus ou moins grande compétence à se déplacer, et la part de l’idéalité, plus ou moins grande affirmation de son ancrage, peuvent faire varier considérablement la définition du « territoire ».

L’habiter comprenant la mobilité désigne donc, plus largement, l’ensemble des lieux de vie, l’ensemble des déplacements pratiqués par des individus ou des groupes définis à priori ou par convergence. Il englobe aussi l’espace des relations, y compris lointaines que permettent les télécommunications et autres médias. C’est donc une réalité vaste et englobant.

C’est le rapport d’interaction entre l’espace habité que nous formons par nos circulations et l’espace qui nous forme. Cette dialectique ajoutée à la mobilité qui transforme la donne spatiale habituellement retenu de l’habitat souligne l’importance de cette manifestation.

En même temps que la ville se “fabriquerait” dans sa dimension matérielle et territoriale, elle serait surtout le théâtre de processus complexes d’émergence de nouvelles identités d’appartenance et de nouvelles figures urbaines métropolitaines.

Dans ces villes, les individus et les groupes sociaux négocieraient autrement leur ancrage social et urbain, et ce à toutes les échelles : locales (quartiers, villes), nationales, transnationales.

Les villes maghrébines contemporaines, dont celle d’Alger, d’Oran ou Annaba, seraient, dans ces conditions, des lieux où se télescopent et s’affrontent des modèles d’urbanité portés par des citadins d’un nouveau type, qui négocieraient continuellement, à travers les différents rôles qu’ils jouent dans la ville et les opportunités que celle-ci leur offre, à la fois sur leurs lieux de travail et dans les espaces privés et publics, leurs appartenances identitaires multiples.

Cela se traduit par la mobilité des individus, et des groupes définis des deux manières signalées précédemment, à travers la fréquence et l’étendue de leurs déplacements, leur motivation et leur durée. C’est le phénomène de la mobilité et de la spatialité, individuelle et collective.

Les mobilités, surtout résidentielles, révèlent aussi des stratégies de localisation dans la ville. Les stratégies d'appropriation investissent le champ de la ville, animées cette fois par les enjeux de la localisation dans la structure urbaine.

Par le jeu des représentations et des images, les citadins ont, plus ou moins, une connaissance et une compétence en matière de morphologie sociale de la ville, des aptitudes, en somme, qui leur permettent de mesurer les avantages et les inconvénients de chaque localisation dans celle-ci.

Les stratégies de localisation vont alors dépendre des capacités des citadins à maîtriser sur le plan symbolique l’image de chaque quartier, le fait qu'il se prête ou non à la spécificité des groupes et sa proximité ou non des équipements et de la centralité urbaine. A partir de cette localisation induisant une mobilité qui est communément appelée migration pendulaire que les politiques de la ville, métropole, s’appuient en matière de développement.

A suivre……..


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