On est des combattants dans l'âme

Allam Boumedienne traîne derrière lui une longue et riche carrière de rugbyman. A 37 ans et avec son 1m95 et ses 120 kilos, il joue aujourd'hui sous les couleurs du club français SCA Pamiers (Fédéral 3). Allam fait également partie de la sélection algérienne. Dans cet entretien à El Watan-Week-end, il parle du rugby et des Verts.Vous avez pris part à Oran, au mois de décembre dernier, au match historique Algérie ? Tunisie, le premier au pays depuis 1963. Où en est actuellement la sélection algérienne 'D'après ce que je sais, il y a un peu partout dans les grandes villes du pays des stages portes ouvertes dans la perspective de prospection et de voir aussi de plus près les potentialités de chaque joueur. A la base, il y a de nombreux sportifs, des judokas, des haltérophiles, des lutteurs et aussi des garçons qui font de l'athlétisme. Ce sont des qualités qu'on aime beaucoup dans le rugby, puisque ce dernier reste quand même un sport de «combat». Pour ce qui est de la sélection nationale, il va y avoir un match très bientôt. D'après ce que j'ai entendu dire, il devrait se jouer à Alger.L'équipe algérienne de rugby a été constituée en France grâce à l'investissement des joueurs, mais aussi des amoureux de cette discipline...(Il nous coupe). Elle a été mise sur pied grâce aussi aux joueurs venant d'Europe et même du monde entier, car il y avait des joueurs qui évoluaient en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande et en Roumanie. Les Algériens sont partout. C'est vraiment incroyable !? La création de l'équipe nationale c'était votre premier défi. Quel est le prochain objectif de l'équipe 'On espère, Incha Allah, se qualifier pour la Coupe du monde de rugby afin de monter que l'Algérie a une équipe compétitive capable de prendre part à cette prestigieuse compétition.Croyez-vous que le groupe qui compose actuellement la sélection nationale peut arracher la qualification pour la Coupe du monde de rugby qui aura lieu en 2019 au Japon 'Sincèrement, oui. Il y a aujourd'hui beaucoup d'Algériens qui jouent en Europe et partout dans le monde. Nous avons également un joueur qui évolue en Nouvelle-Zélande. Il faut savoir que le rugby dans ce pays est comme le football au Brésil. Pour que quelqu'un qui n'est pas natif de Nouvelle-Zélande puisse jouer dans ce pays et s'imposer, c'est sûrement qu'il a des qualités fantastiques. Avec les Algériens venant du pays, il aurait, je pense, une synergie parfaite.Pour moi, on aura la capacité de bousculer n'importe quelle équipe. Je pense aussi que les joueurs algériens qui évoluent notamment dans les plus grands clubs européens peuvent apporter leur pierre à l'édifice pour composer une équipe vraiment compétitive dans l'optique de la qualification pour la Coupe du monde.Quels seront, selon vous, vos plus grands concurrents pour la qualification 'L'Afrique du Sud, on ne la compte pas parce qu'elle fait partie des trois plus grandes nations de rugby au monde. Les principaux concurrents seront la Namibie, la Tunisie. J'ajouterai aussi le Kenya qui a aujourd'hui des rugbymen de grande qualité.On a remarqué que vous vous êtes engagé très tôt pour la mise sur pied d'une équipe nationale de rugby. Comment est venue l'idée de concrétiser ce rêve si on peut l'appeler ainsi 'Tout au long de ma carrière de joueur, j'ai rencontré beaucoup de rugbymen algériens. Et je me disais que c'était dommage de ne pas pouvoir réunir tout ce potentiel et s'en servir pour bâtir une équipe d'Algérie de rugby avec des garçons du pays. C'est l'actuel président, Sofiane Abdelkader Benhassen, qui a mis tout ça en place. En plus d'avoir été actif en tant joueur dans de grands clubs français, il s'est investi pleinement dans son rôle de premier responsable du rugby algérien, où il a donné plus que «sa chemise» pour la Fédération et le rugby.Cela doit aussi vous faire quelque chose que votre «combat» a débouché sur la création de la Fédération algérienne de rugby et aussi l'équipe nationale reconnues par les autorités algériennes?Tout à fait. C'est bien d'avoir tous les égards du monde du rugby. Mais le plus important, c'est d'abord d'être reconnu et aimé chez soi. Pour moi, c'était un vrai rêve qui s'est concrétisé.Il paraît que vous avez pris en main l'équipe des moins de 20 ans...Non, il y a un responsable en Algérie des U20. Moi, je m'occupe seulement des joueurs qui sont actuellement en Europe. Je fais dans la prospection auprès des clubs en Europe pour dénicher les joueurs susceptibles de faire partie de la sélection nationale.Etes-vous confiant pour le rugby algérien 'En tant qu'Algériens, nous sommes tous très foot. Moi aussi je suis derrière les Fennecs à chaque fois qui jouent. Mais aujourd'hui en Algérie il y a beaucoup de sports qui méritent d'être valorisés. J'ai été éducateur où je me suis occupé de camps de jeunes.En Europe, on dit souvent que les enfants doivent surmonter les problèmes affectifs dans le rugby, c'est-à-dire surpasser la peur du contact, celle de tomber. Je pense qu'en Algérie, on n'a pas ce problème, l'Algérien n'a pas peur de tomber ou le «combat». On est des combattants dans l'âme. On espère vraiment que le rugby prendra de l'ampleur en Algérie et qu'on arrivera à le développer. Et je vous promets que l'Algérien va tomber amoureux de ce sport, car il y a un vrai potentiel en Algérie.Est-ce vous avez un conseil à donner aux jeunes Algériens qui veulent pratiquer ce sport 'Je le résume en deux mots : vous l'essayez et vous l'adoptez. Contrairement à ce que beaucoup pensent, le rugby, du point de vue pédagogique, reste un sport de respect, de solidarité et qui a beaucoup d'autres qualités. Aujourd'hui, un enfant qui a du mal à s'exprimer, qui est timide, on l'oriente vers ce sport. En Europe, on dit même que le rugby est une vraie école de la vie.