Algérie

On a réussi à privatiser les trottoirs mais pas la banque



La privatisation du CPA a été gelée. On laissera aux économisteset aux initiés le soin de multiplier les hypothèses, les explications et lesanalyses et on retiendra le sens simpliste et naïf de la décision : en Algérie,les privatisations coincent. Celles des hôtels, des briqueteries, desentreprises qui n'entreprennent plus rien, des terres et des usines mises enfaillite par le socialisme et achevées par le boom chinois. On n'y arrive pas. Ona bien un ministre dit libéral à la pointe des discours libéraux, on a bien desprivés qui ne veulent pas être privés des derniers biens-vacantsvirtuels, on a bien des travailleurs qu'il s'agit d'entretenir à défaut depouvoir les convertir, on a bien enterré le socialisme, mais on n'y arrive pas.Pourquoi ? Encore une fois la réponse est simple et courte : parce que. Un Etatqui privatise vite va créer une classe d'affaires qui va créer son propre Etatà la fin du parcours. Du coup, dans ce cadre devenu clair, rentable, efficace, traçable et imposable, le FLN, le RND, le MSP... etc, deviendront inutiles comme des entreprises publiquesinutiles. Les privatisations ont-elles été cependant un échec ? Non. L'Etat aprivatisé l'Etat, disent les opposants. Le peuple confirme : la privatisationpassive a réussi dans les communes, les administrations, les zaouïas, lesservices publics, les trottoirs, les aires de stationnement, certaines ruelleset dans la gestion des carrières. Elle a réussi parce que là, elle n'impose pasune concurrence publique, des offres claires, un apport initial, une facturesociale et la prise en charge des travailleurs rendus impotents par lesocialisme. Elle a fonctionné parce qu'elle n'oblige pas à la création de larichesse mais à l'enrichissement, ne suppose pas des délais bureaucratiques, neprocède pas par concurrence et ne passe pas par des appels dans les journaux. Onen devient propriétaire par la force, la naissance, la filiation, l'espritclient, le réseau, la région ou la qualité de services rendus. On y participeen soumis pas en soumissionnaire. L'Etat n'y est pas obligé d'être un Etat maisseulement une chose publique. On ne peut pas y faire faillite parce que cen'est jamais son propre argent. On n'en sort jamais pauvre et au pire, retraité.La privatisation du CPA bloque pour des raisons techniques, des raisons deprudence, des raisons mal expliquées mais a surtout bloqué parce que l'esprit n'yest pas. Le signal est désastreux vis-à-vis de ceux que l'on voulait charmer etle sens est lourd pour ceux qui s'y sont un peu intéressés. Dans ce dossier, onsemble avoir oublié un peu les formes et les rationalités mondaines. L'essentieln'est pourtant pas là mais dans le reste: le système a réussi une sorte depluralisme avec une politique de parti unique. Il veut réussir une économielibérale avec un Etat qui reste en l'état. La Chine le fait en contrôlant ses nouveauxcapitalistes, l'Algérie le fait en contrôlant ses privatisations. On veut pas allervite car la loi du genre est connue : lorsque tout est privatisé, c'est l'Etatqui devient chose publique et lorsque tout est public, c'est l'Etat qui devientune entreprise privée.



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